Port d’âmes

Port d’âmes

Lionel Davoust

Vous savez, habiles lecteurs, à quel point j’apprécie de sieur Davoust. Je vous l’ai fait savoir ici à plusieurs reprises, notamment au travers de plusieurs de ses ouvrages, qu’ils soient tirés de l’univers d’Evanégyre, comme celui-ci, ou pas.

Récemment, ceux qui nous suivent sur les réseaux sociaux n’auront pas manqué d’apercevoir le nom de l’halieutique écrivain un peu partout, et à raison. Mais revenons un instant à l’introduction de ce premier roman dans l’univers velu d’Evanégyre.

Si je devais vraiment résumer  mon sentiment envers l’oeuvre de Lionel Davoust à propos d’Evanégyre, ce serait : « Ici naissent les Anges. » Je crois que cette phrase résumerait la splendeur avec laquelle vous contemplerez une histoire en marche et les hommes qui tournent les manivelles et abaissent les leviers pour la faire avancer. Et vous n’auriez plus alors qu’à trouver un havre, un port pour y reposer votre âme.

Ca tombe bien, aujourd’hui, c’est Port d’âmes.

Pour contrebalancer l'article j'ai décidé de proposer à chaque photo une qualité de Port d'âmes que je n'ai pas eu le temps de traiter : la première, peut être, serait cette invitation muette que son esthétique formule et qui nous entraîne...

Pour contrebalancer l’article j’ai décidé de proposer à chaque photo une qualité de Port d’âmes que je n’ai pas eu le temps de traiter : la première, peut être, serait cette invitation muette que son esthétique formule et qui nous entraîne…

Evanégyre 3.0

Comme je le disais un peu plus haut, si vous suivez La Faquinade sur les réseaux sociaux – facebooktwittergoogle +linkedin -, ce que, à mon humble avis, vous devriez vous empresser de faire si ce n’est pas déjà le cas, vous aurez remarqué la récente sur-activité concernant Lionel Davoust qui est, rappelons-le pour les moins perspicaces, l’auteur du roman dont nous parlerons juste après.

Mais pas seulement. Il est également l’auteur d’un recueil de nouvelle, La Route de la conquête, lauréat du Prix Exégète 2015. La remise du Prix Exégète a eu lieu le 14 novembre dernier, un jour où, tous autant que nous étions, nous ressentions une violent gueule de bois – vous pouvez aisément imaginer pourquoi. La remise du prix s’est déroulée à la librairie Trollune, en présence de l’auteur, bien évidemment, d’un petit nombre de lecteurs qui sont restés jusqu’au bout et de tous les autres, passés dans la journée pour une dédicace et un mot gentil.

Comme l’a dit Lionel sur son blog, dans ces moments de deuil, « La littérature [est] le plus important et le plus futile à la fois« , en tout cas pour nous, lecteurs, critiques, amateurs, éditeurs, auteurs, traducteurs, correcteurs… C’est une façon de se réunir et de montrer que l’idéal que l’on partage dans nos lectures nous ne l’oublions pas. Pour cela je tiens à remercier tous les partenaires, maintes fois cités, et ceux qui ont rendu cet événement possible, au premier rang desquels l’auteur, qui a maintenu sa venue malgré le contexte. Vous pouvez retrouver des photos de l’événement ici, notamment du superbe prix réalisé par mon papa. #proud

Maintenant que l’étiquette a été respectée – c’est le revers de la médaille lorsqu’on organise des mondanités, trust me on this – il va bien falloir revenir au propos du jour, à savoir parler de Port d’âmes. Publié en septembre chez Critic – on en avait déjà parlé, notamment pour Gueule de Truie de Justine Niogret – il a remporté un vif succès dans la blogosphère, au regard des nombreuses notes, plutôt élogieuses que j’ai pu en lire.

Techniquement, il se présente après La Volonté du Dragon et La Route de la conquête, dont l’on a déjà parlé, et leur fait suite dans la description générale de l’univers d’Evanégyre ; un univers mis sur pied par l’auteur exclusivement par ses publications chez Critic – si l’on excepte Bataille pour un souvenir, nouvelle rééditée dans La Route de la conquête et déjà présente dans L’Importance de ton regard, un recueil paru chez Actu SF et dont les nouvelles Récital pour les hautes sphères et L’Île Close sont également issues.

On comprend alors l’esthétique choisie pour l’apparence de l’objet, une esthétique très proche de celle de La Route de la conquête, notamment parce que l’illustrateur, l’excellent François Baranger, est le même.  Pour La Route de la conquête, j’avais rapidement présenté l’homme, auteur chez Critic et illustrateur :

L’homme bosse pour Critic, Bragelonne, Gallimard ou Mango, est l’auteur de la bd lovecraftienne Freak Agency (chez Albin Michel) et de la saga de space-op’ Dominium Mundi (chez Critic) et est graphiste indépendant bossant pour le cinoche (HP 7) ou pour le jeu vidéo (Beyond: Two Souls). L’auteur, dans sa note de fin d’ouvrage le remercie pour « avoir prêté son talent époustouflant à la couverture de ce livre […] qui a véritablement donné vie à ce que j’imaginais des fantassins impériaux. »

Beaucoup d’éloges, et on les comprend. La couverture propose une jolie réinterprétation du classique thème de la fantasy anglo-saxonne présentant le personnage debout, dans le vent, de dos, faisant face à une ville ou un paysage qu’il peine à dominer et qui semble receler tous les mystères du monde – cf Le Nom du vent.

L’ouvrage en lui même est de qualité Critic, c’est-à-dire excellent. L’objet est agréable en main, pas trop lourd malgré ses 530 pages, le toucher du glaçage de couverture est très bien et la reliure tient encore après deux lectures et pas mal de feuilletages et de vagabondages dans un sac. Comme à chaque fois, Critic fait du bon boulot et nous sert un livre de qualité. Seuls regrets malgré tout : une relecture qui a manqué parfois de pointillisme (mais l’ouvrage est gros) et qui nous laisse des « parer à » horripilants et des répétitions de formules assez agaçantes à des passages similaires. Sur ce point, le fait que Port d’âmes soit un vieux projet totalement réécrit par l’auteur avant sa publication doit être pris en compte.

Contrairement à La Route de la conquête, peu de méta-texte ici, des remerciements et une citation de début d’ouvrage – d’autres sont parfois présentes au début de certains chapitre, un peu à la Justine Niogret dans Mordre le bouclier – issue de la chanson Selling Out de Tristania (métal symphonique, tendances gothiques) : « An overdose of nothingness / My visions are for sale / I’m selling out » qui donne le ton inattendu d’un ouvrage attendu.

Port d'âmes est beau. Déjà en tant qu'objet mais aussi parce que tout ce qui est beau en lui, il ne nous le dit qu'à demi-mot, comme en confidence. Ce qui est rare et fou.

Port d’âmes est beau. Déjà en tant qu’objet mais aussi parce que tout ce qui est beau en lui, il ne nous le dit qu’à demi-mot, comme en confidence. Ce qui est rare et fou.

Quand on file à l’anglaise

Or donc, Port d’âmes suit La Volonté du Dragon et La Route de la conquête. Ca, c’est d’un point de vue publication, mais est-ce le cas d’un point de vue histoire ? Oui, mais c’est loin d’être aussi simple et évident.

Port d’âmes ne fait pas suite aux événements décrits par les deux précédents ouvrages, du moins pas directement. Le Saint Empire d’Asrethia, dont l’expansion militariste – dans un but pacifiste, c’est là tout le propos de l’excellent édito que l’auteur nous avait accordé et qui avait été censuré par facebook qui l’avait jugé « à risque » – nous était présenté est mentionné dans Port d’âmes que comme un un lointain passé dont nombreux pensent même qu’il fut complètement fantasmé et absolument pas réel. Le Vayd Asrethia, sorte de Geste de l’Empire fictive, et dont les nouvelles de La Route de la conquête sont issues est ici, selon les personnages, tantôt présenté comme un ouvrage religieux – à l’instar d’une bible ou d’un coran, par chez nous – tantôt comme un document historique et tantôt comme un ramassis d’interprétations et d’exagérations douteuses.

Si je vous dis tout cela, c’est non seulement pour replacer Port d’âmes dans la chronologie d’Evanégyre mais aussi pour vous montrer que dès le lancement, l’enchevêtrement entre contexte intradiégétique et extradiégétique est présent.

Si l’on veut être plus précis dans la situation du contexte intradiégétique du roman, il faudrait placer celui-ci après Quelques grammes d’oubli sur la neige de La Route de la Conquête, dont aucune date n’a pu être donnée car, si l’on suit les événements de la chronologie fournie dans ce même volume, l’intrigue prend place pendant les Âges Sombres qui font eux-mêmes suite à la Deuxième Grande Guerre d’Evanégyre, au cours de laquelle se situe l’action de la nouvelle Le Guerrier au bord de la glace dont l’intrigue est réutilisée de la manière la plus intelligente dans Port d’âmes. Mais je ne vous en dirai pas plus histoire de ne pas vous dévoiler plus qu’il n’en faut.

Imaginez juste l’univers d’Evanégyre et sa timeline dans une comparaison avec la nôtre : un âge d’or technique, scientifique et pétri d’idéalismes en tout genre qu’on pourrait aisément comparer avec l’empire romain, suivi d’âges sombres équivalent à notre Moyen-Âge – doit-on encore rappeler que le Moyen-Âge a très longtemps été désigné en anglosaxonnie par le terme Dark Ages avant que celui-ci ne soit précisé pour la période suivant immédiatement la chute de l’Empire romain et ne soit remplacé pour le reste par Middle-Ages – et dans lesquels se déroule la nouvelle Quelques grammes d’oubli sur la neigePort d’âmes correspondrait, dans ce schéma très basique et réducteur mais qui a au moins le mérite de la clarté, à un équivalent de notre Renaissance.

Voilà pour le contexte rapide. Mais, avant de rentrer dans le vif du sujet, il y a quelques éléments à relever encore concernant tout ce qu’on vient de dire. Que l’auteur choisisse d’appeler ses Ages Sombres… âges sombres révèle non seulement beaucoup de l’état de la civilisation que l’auteur a imaginé pour cette période… mais aussi beaucoup sur sa façon de penser à lui. Employer le terme âges sombres renvoie très clairement à une volonté de s’inscrire dans la tradition anglo-saxonne. Et les mots de l’auteur lors de la remise de prix citée plus haut, à savoir « Je n’ai jamais caché mes influences anglo-saxonnes » ne font que confirmer un sentiment qui était présent dès les premières pages de l’ouvrage.

Parce que si les deux précédents ouvrages se tenant dans l’univers d’Evanégyre étaient des recueils de nouvelles et une novella (ou court roman), Port d’âmes est un roman. A vrai dire je me demandais, sachant qu’il avait prévu un roman pour faire suite à La Route de la conquête, comment Lionel Davoust pourrait bien enchaîner avec l’excellence pertinente de la plupart des nouvelles présentes dans le recueil. J’étais là à imaginer des formes nouvelles de récit et… non, paf, dans le cul Lulu, il est arrivé avec un roman à l’anglo-saxonne, un roman d’initiation, gros, épais et volontairement détaché dans les premières pages, avec un prologue et un épilogue… Bref, tout ce avec quoi j’ai du mal dans la littérature anglaise de fantasy.

C’est dire si mon sentiment était mitigé : d’un de mes ouvrages préférés de l’année, je me lançais là dans une forme pour laquelle j’éprouvais énormément de réticences et qui avait déjà maintes fois donné des raisons d’être à mes doutes.

Si, à bien des égards, ma lecture s’est vite trouvée confrontée à des difficultés majeures que je ne m’attendais pas à identifier dans un roman estampillé Davoust-Critic – et je ne parle pas que des éclats sur la forme mentionnés dans la première partie mais nous allons y revenir – l’auteur a su jouer avec une douce délicatesse – oui, j’insiste – sur ses précédents écrits pour ne pas perdre le lecteur. Les références – que l’ont peut dans certaines oeuvres qualifier de fan service, voir de fan porn pour les cas les plus patentés, voir à ce propos Jurassic World – sont ici amenées de manière naturelle, comme fil d’Ariane pour le lecteur et s’inscrivant en filigrane d’un ouvrage dense et qui se perd parfois en lui-même. Bataille pour un souvenir, mentionnée plus haut, voit une partie de son propos repris avec les personnages des vendeurs d’âmes et le principe même de leur commerce – les réticences du héros audit commerce font également écho à Au-delà des murs, la nouvelle jumelle de la précédente -, Quelques grammes d’oubli sur la neige ressort magiquement d’un passage à mon sens sous-exploité avec la vendeuse sur le marché et, bien entendu, Le Guerrier au bord de la glace finit par être le point d’achoppement principal entre Port d’âmes et Evanégyre, d’une manière plus générale (et dans ce cas précis, en ce qui me concerne, j’ai vécu ça comme une dose nécessaire et bienvenue de fan service).

Cela montre bien plusieurs choses : tout d’abord qu’il est relativement délicat d’entreprendre la narration d’un univers sous plusieurs formes et ensuite que, une fois un tel univers mis en place, il peut être une solide barrière de sécurité pour entreprendre des projets qui, autrement, auraient peiné à rencontrer leur public – et cette fois-ci, quand je dis délicat, je veux dire : c’eût été tendax.

Port d'âmes est aussi un roman d'action, mais une action délayée... et étayée de la meilleure des manière.

Port d’âmes est aussi un roman d’action, mais une action délayée… et étayée de la meilleure des manière.

Crise d’adolescence ?

Sans être un tacle gratuit, le titre de cette dernière partie est une réelle question. Et je vais m’employer à vous expliquer pourquoi je me la pose.

On le savait, Lionel Davoust est un excellent novelliste, doublé d’un auteur d’une sensibilité rare, on l’a martelé à plusieurs reprises en ces terres. Et ce sont les deux principaux reproches que je soulève à l’encontre de Port d’âmes.

Port d’âmes est un roman et l’écriture d’un roman demande de s’intéresser à bien des aspects qui sont laissés de côté – ou traités différemment, comme le rythme – dans la nouvelle. Or, il se trouve que Lionel Davoust n’est pas un petit nouveau dans le genre et sa trilogie Leviathan peut en témoigner. Cependant, là, il y a comme un hic.

Dans un premier temps je pensais que c’était une vue de mon esprit qui ne me permettait pas d’appréhender le texte de ce roman à sa juste valeur. Puis j’ai relu La Route de la conquête et à nouveau Port d’âmes – d’où le fait que cela m’a pris du temps de sortir ce billet. J’ai rencontré dans l’ouvrage de nombreux problèmes de rythme, des paragraphes entiers où personnages et narrateurs se perdaient dans des descriptions ou des relations de pensées parfois chaotiques, des personnages, notamment le héros, que l’on nous présente comme réfléchis et rationnels et qui changent d’attitude d’un chapitre à l’autre, sans ellipse ou événement propre à expliquer ce changement de ton. Le tout me laisse l’image d’un ouvrage qui est sorti trop tôt, pas encore mur et encore trop tâtonnant.

Ensuite, pour ce qui est de la sensibilité, pendant les deux tiers du roman, j’ai trouvé les inputs relativement bien gérés et toujours adéquats, ce qui est remarquable. Et puis vient l’élément qui catalyse pour moi tous les problèmes du livre et que je ne peux pas vous révéler ici sans vous spoiler purement et simplement l’intrigue. A ce moment là, qui aurait à mon sens nécessité un espace de lecture plus important – mais qui suis-je pour juger de cela ! -, le rapport entre le caractère raisonné de l’intrigue, qui est soit dit en passant un délice, et celui purement sentimental de la plume, qui intervenait ici et là avec parcimonie s’inverse et, bien qu’une justification scénaristique existe et soit cohérente, emporte le stable équilibre construit sur les 400 à 450 premières pages. La fin de l’ouvrage est en roues libres totale à ce niveau avec des personnages qui prennent un plaisir malsain à se torturer eux-mêmes alors que 1.000 solutions leurs sont proposées.

J’ai bien conscience que mon propos, qui n’est pas basé que sur mon propre ressenti mais aussi sur l’analyse des différents champs lexicaux gravitant autour des personnages – qui connaissent des glissements similaires -, pourra ne pas être partagé mais je tiens à l’expliquer encore une fois : j’ai bien conscience que la totalité du scénario, de l’intrigue et des comportements empruntés par les personnages découle d’une série de causes qui nous sont toutes brillamment présentées. Ce qui me gêne ici c’est cet amour que semble avoir ressenti l’auteur à jouer avec « l’émotion » qu’il transmet au lecteur. Dans Le Guerrier au bord de la glace ou Bataille pour un souvenir – je cite souvent ces deux-là, mais elles cristallisent le talent de l’auteur -, l’émotion, la fatalité, les choix et les souffrances inhérentes à tout cela s’emboîtaient à merveille et ne laissaient pas une impression d’exagération comme c’est parfois le cas dans Port d’âmes.

Cependant, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : Port d’âmes est un bon roman. Il amène de nouvelles thématiques, sociales et économiques notamment, au tableau de chasse des écrits d’Evanégyre ; il explore de nouvelles façons de narrer une histoire longue en ce concentrant sur un très court laps temporel (si l’on excepte le prologue) ; il peint avec force et crédibilité un univers qui nous parle vraiment ; il joue avec les codes et les références littéraires de tout un genre (1984V pour Vendetta, La Zone du Dehors…), des codes habituellement associés à la science-fiction et qui avaient notamment retenu mon attention dans La Route de la conquête. Tout cela on ne peut pas l’enlever à ce roman, ni à son auteur.

Quand j’étais prof d’histoire, j’ai pu me rendre compte d’un fait qui m’avait toujours semblé injuste au cours de mon parcours dans le secondaire – oui Monsieur Vizier, je parle de vous ! – : quand on évalue la qualité d’un travail et que celle-ci est bonne mais qu’on s’aperçoit qu’elle est très en dessous de ce que la personne pourrait réellement fournir, on ne peut qu’être frustrés. Et dans ce cas, il y a deux échappatoires : l’abandon de l’élève qui se sent traité différemment des autres ou un renforcement de sa hargne – merci monsieur Vizier !

Et là, Lionel Davoust n’est plus un élève. Et, connaissant un peu le monsieur, j’espère que c’est la seconde option qu’il choisira.

Port d'âmes est également le très excellent récit d'un voyage sédentaire. Comment c'est possible ? Lisez-le !

Port d’âmes est également le très excellent récit d’un voyage sédentaire. Comment c’est possible ? Lisez-le !

On y reviendra

Parce que comme le dit le titre de cette conclusion : on y reviendra, à Evanégyre. Et j’espère qu’on y reviendra dans un roman qui aura de Port d’âmes toutes les qualités mais en gommant les deux principaux défauts. L’ouvrage est comparable à un premier roman – ce qu’il est en quelque sorte pour Evanégyre – sur les sursauts fougueux duquel l’auteur devrait rebondir pour nous prouver, dans un prochain opus, qu’il est le plus talentueux des anglosaxonites français. #pression

Si Ports d’âmes souffre du syndrome que j’appelle Initiatique – souvent trouvable dans les romans anglo-saxons d’initiation, où trop de perspectives s’offrent sans jamais déboucher sur des traitements à la hauteurs des ambitions – il n’en reste pas moins, pour ma part, l’une des toutes meilleures productions du genre. Il  explore des sentiers jusqu’à présent délaissés, il prend le parti de raconter un nouveau type de relation entre individus et il donne corps à un univers qui mérite tellement plus de publicité !

Je me suis longtemps atermoyé dans cet article avant de parler des qualités du roman et je ne veux pas que l’image qui vous reste soit celle d’un ouvrage bancal. Bien que ce soit le cas sur quelques aspects, il s’agit avant tout d’un roman qui peut se vanter de réussir à apporter au lecteur une plus haute conscience de lui-même et de ce qui l’entoure, par le simple fait de ne jamais dire ce qu’on attend de lui.

Il y aurait encore tant de choses à dire mais on me pardonnera l’approche choisie, pour ne pas me répéter sur tout le bien que je pense de l’écriture de Lionel Davoust et remettre en doute mon statut de vil faquin.

Vil Faquin

Dans le même univers : La Volonté du DragonLa Route de la conquête.
Du même auteur : Edito sur le traitement de la guerre en littérature, interview,
Récital pour les hautes sphères et autres nouvellesL’Île close.
Lionel Davoust est lauréat du Prix Exégète 2015.
Pour comprendre la mise en place du mythe : L’Echo du Grand Chant

Post scriptum : j'écris cet article avec un état grippal avancé, veuillez me pardonner les incohérences et transitions hasardeuses. Vous serez bien aimable.