Mythe

Tout au milieu du monde

Tout au milieu du monde

Julien Bétan, Mathieu Rivero
& Melchior Ascaride

J’ai lu Tout au milieu du monde (que j’abrégerai dorénavant TAMDUM, déjà parce que ça me fait marrer, et aussi parce que c’est moins long) une semaine avant sa sortie officielle car ses auteurs avaient eu la gentillesse – sur mes demandes et menaces de mort appuyées – de me le faire parvenir en avance, en signe, j’imagine, de soumission à mon autorité critique folle, que chacun ici reconnaîtra – ou bien, si tu ne la reconnais pas, habile lecteur, tu seras banni ad vitam aeternam de cette terre numérique de plaisir, tant pis pour toi ou, comme on disait dans mon collège : che! Cependant, malgré toute ma bonne volonté je n’ai pas trouvé le ton juste et une approche qui me satisfasse pour parler de l’ouvrage. J’écrivais, je griffonnais mais je n’y arrivais pas. Pourquoi ?

Ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose mais c’est bien la première fois que j’ai cette impression tout en en ayant une autre totalement contradictoire, celle d’avoir saisi un sens profond. C’est étrange d’avoir l’impression de passer un moment formidable dans une oeuvre et, soudainement, d’être certain d’avoir loupé un truc. Ce genre de truc qui ne peut que vous décevoir.

C’est exactement mon cas mais, que ce soit bien clair, on va quand même décortiquer ce bousin, parce que merde.

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Rouge, noir, blanc. Un choix graphique imitant celui de la Faquinade qui honore ses auteurs 😀

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Deus in Machina

Deus in Machina

John Scalzi

On ne va pas se mentir, ça fait un bail, habiles lecteurs. Depuis le 11 octobre, plus précisément, et cet article sur les Volcryns de G.R.R. Martin, Robert Collector et Paul W.S. Anderson, je n’avais rien écrit dont vous puissiez, au choix, vous délecter ou vous offusquer. Bien sûr, j’avais un temps essayé de faire en sorte que ce site reste actif en multipliant les publications de collaborateurs, en lançant une nouvelle section (qui a cartonné, d’ailleurs, merci à vous) et en vous proposant du contenu plus facilement mobilisable pour moi : vidéos d’événements, interviews…

Mais ça a finit par me manquer, de vous écrire. Non pas que ça ne me manquait pas depuis le début, mais mes obligations professionnelles me tenaient pour le moins bien trop occupé pour que je puisse prétendre faire plus. Désormais que le rythme au travail est revenu et, qu’enfin, je retrouve le temps de lire autre chose que les bons de commande de chez Asmodée, je vais tenter de me tenir à ce que je vous avais annoncé lors de la dernière news (News 22) du 29 septembre dernier : un minimum article par semaine. Initialement, ça devait être le mardi, mais je ne promets plus rien à ce propos.

Donc, c’est reparti, avec une thématique qui va vous rappeler les plus grandes diatribes ensommeillées de nos Triangulations : Deus in Machina de John Scalzi.

Ha, et bonne année, au fait.

Une couverture qu'on a envie d'afficher.

Une couverture qu’on a envie d’afficher.

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Interview de Laurent Aknin, partie #2 / 24.3.16

Interview de Laurent Aknin, partie 2.

A lire sur l’auteur : Mythe et Idéologie du cinéma américain
Star Wars : une saga, un mythe.

[début]

Oeuvre

On va désormais plus se concentrer sur tes sujets d’étude et notamment sur Mythe et idéologie du cinéma américain et Star Wars, une saga, un mythe, tous deux chez Vendémiaire. Donc, on va arrêter avec les généralités – ou pas – : pourquoi le peplum et pourquoi le mythe ? Le peplum déjà parce que j’ai toujours adoré ça. Et je suis encore d’une génération qui a vu les derniers peplums italiens dans des salles de quartier ou de campagne. Parce que Spartacus, parce que Ben Hur, parce que La Chute de l’Empire Romain qui ressortaient régulièrement. Parce que dans les salles de quartier on voyait des peplums et que j’ai tout de suite accroché. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais comme j’ai adoré le western italien et les films de kung fu, qui ont été aussi de très grands chocs. Mais le peplum est un genre extrêmement et intéressant. Je pense que j’ai gardé une affection particulière pour le peplum parce que c’est grâce au peplum que j’ai mordu au cinéma. Mais c’est aussi une question de chance : il se trouve que quand j’étais au collège, il y a eu des profs – tu sais, il y a parfois des profs qui sont géniaux, il y en a peu mais il y en a – qui nous ont fait faire de l’initiation au latin et au grec. Et, moi, fanatique de peplum, j’ai mordu ! Parce que ce que je voyais dans les peplum, on me l’expliquait avec de la langue : senatus populus quo romanum ! C’était du peplum pour de vrai ! J’ai donc pu demander à faire latin-grec au lycée ce qui voulait dire – il n’y avait pas de raison qu’on le refuse – intégrer un grand lycée, ce qui pour moi n’était pas évident non plus. Je veux dire quelqu’un qui, dans les années 1970, sortait de Belleville à Paris, Ménilmontant, n’était pas destiné à aller à Henri IV ou à Condorcet. J’ai donc intégré Condorcet, avec des profs encore plus barges, qui disaient, eux, que le cinéma faisait partie d’une culture générale, encore plus large, qui nous envoyaient au cinéma, qui nous faisaient faire des dissertations en latin sans traduction mais qui en même temps nous envoyaient au cinéma. Donc j’ai gardé une certaine affection pour mes premières amours cinématographiques car l’essentiel est venu de là. L’essentiel de ma culture est venu des salles de quartier, des salles populaires. Si je n’avais pas eu ça, cette entrée dans le cinéma populaire, je ne l’aurais sans doute pas eu. Chez moi il n’y avait pas de livre, il n’y avait que deux ou trois disques et le cinéma… On allait au cinéma du samedi soir en famille, mais ce n’était pas plus que ça. C’est grâce à ça, ça a été ma porte d’entrée. Si aujourd’hui j’écris des livres, c’est grâce à cela. C’est quelque chose de très important pour moi.

Créer des panthéons moderne pour compléter nos environnements mentaux : une fonction éternelle des fiction héroïque ?

Créer des panthéons moderne pour compléter nos environnements mentaux : une fonction éternelle des fiction héroïque ?

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Interview de Laurent Aknin, partie #1 / 24.3.16

Interview de Laurent Aknin, partie 1.

A lire sur l’auteur : Mythe et Idéologie du cinéma américain
Star Wars : une saga, un mythe.

Présentation

Bonjour, t’es qui ? Laurent Aknin. D’habitude quand je me présente je dis que je suis critique et historien de cinéma, ce qui a le mérite de ne pas vouloir dire grand-chose. Je ne suis pas un grand amateur de titres, de diplômes… J’ai une formation d’universitaire et aussi une formation sur le tas de journaliste. Je grenouille depuis 20-25 ans entre l’écriture, la critique de cinéma, des stages, des conférences, des choses comme ça, tout en faisant de la recherche sur l’histoire du cinéma sur des thèmes que je développe de manière empirique. Tout d’abord ça a été le cinéma bis, c’est-à-dire le cinéma populaire de second rayon ; puis j’ai élargi à l’ensemble du cinéma populaire et ayant malgré tout des souvenirs du lycée et de mes humanités, j’ai commencé à m’intéresser à la résurgence des mythes et des mythologies classiques ou contemporaines que ce soit dans le blockbuster ou le cinéma bis ou le cinéma de zone Z. Enfin voilà, je travaille comme cela depuis pas mal de temps. J’ai également fait de la programmation, de la sélection de festival… C’est divers, varié, mais il n’y a pas vraiment d’étiquette à ce que je fais.

Ca va ? J’veux dire la vie, la famille ? Pas beaucoup de famille, je suis un peu solitaire à ce niveau-là mais mon gang, comme on dit au Québec, mes amis vont bien et, ça, c’est très important pour moi. Sinon ça va bien parce que je fais depuis pas mal de temps ce que j’aime le plus faire, c’est-à-dire voir des films et voyager pour voir des films ! Effectivement, je bourlingue pas mal depuis quelques temps donc ça va.

Et sinon, tu as un vrai métier ? C’est bien là mon problème : c’est que je n’ai pas de vrai métier. Je n’ai jamais eu de vrai métier. Je crois que la seule fois de ma vie où j’ai exercé un métier à plein temps, c’est-à-dire avec des horaires de bureau, ça a duré trois semaines et c’était quand même pour faire de l’analyse de catalogue dans une société d’import-export de droit audio-visuel. Je n’ai pas de métier, c’est ça qui est assez étrange et c’est pour cela que je rends fous les agents enquêteurs du recensement ou mon conseiller bancaire, je ne parle même pas des employés de Pôle-Emploi – dont je n’ai jamais franchi les portes de toute manière, parce que j’ai pitié pour eux.

Une belle doublette d'ouvrage pour appréhender le travail du monsieur. Si vous avez le temps... il reste les gros pavés !

Une belle doublette d’ouvrage pour appréhender le travail du monsieur. Si vous avez le temps… il reste les gros pavés !

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