Interview de Laurent Aknin, partie 2.
A lire sur l’auteur : Mythe et Idéologie du cinéma américain
& Star Wars : une saga, un mythe.
Oeuvre
On va désormais plus se concentrer sur tes sujets d’étude et notamment sur Mythe et idéologie du cinéma américain et Star Wars, une saga, un mythe, tous deux chez Vendémiaire. Donc, on va arrêter avec les généralités – ou pas – : pourquoi le peplum et pourquoi le mythe ? Le peplum déjà parce que j’ai toujours adoré ça. Et je suis encore d’une génération qui a vu les derniers peplums italiens dans des salles de quartier ou de campagne. Parce que Spartacus, parce que Ben Hur, parce que La Chute de l’Empire Romain qui ressortaient régulièrement. Parce que dans les salles de quartier on voyait des peplums et que j’ai tout de suite accroché. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais comme j’ai adoré le western italien et les films de kung fu, qui ont été aussi de très grands chocs. Mais le peplum est un genre extrêmement et intéressant. Je pense que j’ai gardé une affection particulière pour le peplum parce que c’est grâce au peplum que j’ai mordu au cinéma. Mais c’est aussi une question de chance : il se trouve que quand j’étais au collège, il y a eu des profs – tu sais, il y a parfois des profs qui sont géniaux, il y en a peu mais il y en a – qui nous ont fait faire de l’initiation au latin et au grec. Et, moi, fanatique de peplum, j’ai mordu ! Parce que ce que je voyais dans les peplum, on me l’expliquait avec de la langue : senatus populus quo romanum ! C’était du peplum pour de vrai ! J’ai donc pu demander à faire latin-grec au lycée ce qui voulait dire – il n’y avait pas de raison qu’on le refuse – intégrer un grand lycée, ce qui pour moi n’était pas évident non plus. Je veux dire quelqu’un qui, dans les années 1970, sortait de Belleville à Paris, Ménilmontant, n’était pas destiné à aller à Henri IV ou à Condorcet. J’ai donc intégré Condorcet, avec des profs encore plus barges, qui disaient, eux, que le cinéma faisait partie d’une culture générale, encore plus large, qui nous envoyaient au cinéma, qui nous faisaient faire des dissertations en latin sans traduction mais qui en même temps nous envoyaient au cinéma. Donc j’ai gardé une certaine affection pour mes premières amours cinématographiques car l’essentiel est venu de là. L’essentiel de ma culture est venu des salles de quartier, des salles populaires. Si je n’avais pas eu ça, cette entrée dans le cinéma populaire, je ne l’aurais sans doute pas eu. Chez moi il n’y avait pas de livre, il n’y avait que deux ou trois disques et le cinéma… On allait au cinéma du samedi soir en famille, mais ce n’était pas plus que ça. C’est grâce à ça, ça a été ma porte d’entrée. Si aujourd’hui j’écris des livres, c’est grâce à cela. C’est quelque chose de très important pour moi.

Créer des panthéons moderne pour compléter nos environnements mentaux : une fonction éternelle des fiction héroïque ?
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