Trucages et Effets Spéciaux – Partie 1

Trucages et Effets Spéciaux – Histoire d’une pratique (partie 1)

Méninge Affranchi

Avec l’arrivée plus que prochaine et attendue de Jurassic World, quatrième opus (et résurrection) de la saga Jurassic Park, les hautes autorités compétentes, bienveillantes et clairvoyantes de la Faquinade ont décidé qu’un papier sur le sujet serait intéressant, et je m’y suis donc attelé. Mais je me suis très vite aperçu qu’un papier proposant une histoire des effets visuels, leurs évolutions et problématiques plus que leurs techniques, serait autrement plus pertinent. En effet, y a-t-il meilleur prétexte que Jurassic Park ?  Les effets spéciaux, ou SFX pour les anglophones, m’ont toujours fasciné.

Ce ne sont pas tant les techniques qui me passionnaient, mais l’approche de celles-ci. Pourquoi utiliser cette technique plutôt qu’une autre ? Qu’est ce qui pousse à innover ? Comment sommes-nous passés d’un artisanat à une industrie ? Pourquoi certains petits budgets réussissent à « battre », en termes de qualité, des énormes super-productions ? Comment intègre-t-on des effets dits spéciaux à un film, avec la musique, le montage, le cadrage, la réalisation, les comédiens ? Quel est le but ultime des effets visuels ?

Et à force de manger des bonus de DVD, des émissions consacrées au sujet, quelques tonnes de livres et magazines (Starfix et L’Ecran Fantastique restant des références), je me suis rendu compte que tout ça était bien plus compliqué et passionnant qu’on veut bien le dire. Et l’Histoire avec un grand H des effets spéciaux nous montre que ce ne sont pas les techniques qui changent tant que ça, mais bien les histoires et les auteurs qui les emploient différemment selon leurs besoins et envies.  Maintenant que j’ai bien raconté ma vie, passons à la suite des hostilités. Je ne peux pas prétendre être exhaustif, et je ne ferai même pas allusions à beaucoup de choses, consciemment ou non, car je ne suis ni un spécialiste ni un professionnel, et j’espère que ma passion saura rendre tout ceci pertinent. Quoi ? Non, ne partez pas tout de suite ! J’ai même pas commencé les blagues vaseuses !

Ne nous mentons pas. Les Dinos seuls font rarement vendre des films. Par contre le réalisme (comme mentionné ici) ouais, ça carrément. Et les boobs. Même si le Carno-Diplo-Zila envoie du steak façon tartare.

Ne nous mentons pas. Les Dinos seuls font rarement vendre des films. Par contre le réalisme (comme mentionné ici) ouais, ça carrément. Et les boobs. Même si le Carno-Diplo-Zila envoie du steak façon tartare.

A tâtons sûrs

Les effets spéciaux, qu’est ce que c’est ? Toutes les techniques (qu’elles soient optiques, chimiques, numériques, électroniques, mécaniques, analogiques, gastronomiques, entérogastriques…) visant à modifier l’aspect d’une image (ou du son d‘ailleurs) sont considérées comme des effets spéciaux. La composition d’images (en incrustant des éléments dans un plan ou autres techniques), ainsi que les marionnettes et autres animatroniques sont aussi considérés comme des effets spéciaux.

Les effets spéciaux sont nés avec le théâtre, bien avant le cinématographe des frères Auguste et Louis Lumière. Les décors coulissants durant une représentation ou encore les explosions et fumées servaient à raconter une histoire de façon plus spectaculaire, ou à retranscrire l’aspect fantastique de celle-ci (de très nombreuses versions théâtrales de Faust sont restées célèbres pour cela). Ils étaient parfois mis en avant afin d’attirer un public avide de nouvelles sensations. La magie, en tant qu’art du spectacle, a depuis toujours utilisé des trucages divers et variés qu’on peut tout à fait affilier aux effets spéciaux.

Au cinéma, les frères Lumière (inventeurs, on l’a vu, du cinématographe) et Thomas Edison (inventeur du kinétoscope, entre autres) expérimenteront très vite et avec beaucoup d’ingéniosité les possibilités que ce nouvel art offre. Nos deux amis Lyonnais, avec par exemple Le Squelette Joyeux dès 1897, vont expérimenter les coupes et autres techniques. Edison, lui, aurait été à l’origine des premières colorisation de pellicule, au pinceau et en a déjà exploré les possibilités avec La Danse de la Serpentine en 1895 notamment. On se rend compte alors que même si le cinéma en est à un stade primitif, et est encore une bizarrerie de fête foraine, on utilise déjà des techniques pour s’éloigner du réel et tenter de montrer l’impossible. Mais c’est un magicien de profession qui va vraiment commencer les choses sérieuses.

George Méliès, dont on ne parlera jamais assez, a été l’un des premiers à réaliser des films à effets. Fasciné par le cinématographe des frères Lumière, entre 1896 et  1914, il va expérimenter des techniques, comme la surimpression, ou encore couper entre deux prises pour transformer un bus en corbillard ou faire disparaître un personnage. Ca parait enfantin de nos jours, mais il a bien fallu que quelqu’un y pense en premier. Il utilisera tous les procédés du théâtre, et de la magie, les modifiera et en créera de nouveaux, toujours plus audacieux. Il est à l’origine de centaines de films, dont le très célèbre Escamotage d’une Dame au théâtre Houdin de 1896, où l’on voit une femme disparaître et se changer en squelette par magie (mais heureusement tout cela finit bien), ou encore le fameux Voyage vers la Lune de 1902 dans lequel des scientifiques qui explorent la lune se font agresser par des Sélénites, mais heureusement, une fois encore, tout finit bien. On remarquera d’ailleurs l’incroyable violence des premiers contacts entre humains et extraterrestres au cinéma. Il convient de noter que beaucoup de noms restent à citer, certains sans doute oubliés des plus compétents historiens. De plus la parenté d’énormément d’innovations peut prêter à caution, une idée germant dans plusieurs coins du monde, dans plusieurs cervelles plus ou moins en même temps, et tous ont largement autant de mérite.

L’entre-deux guerres sera la période où le cinéma  dit « primitif » deviendra celui qu’on connaît aujourd’hui. Les possibilités du montage, de la lumière, du cadrage et de tous les composants d’un film seront développés en tant que langage filmique et ce au travers de plusieurs mouvements fondateurs comme l’expressionnisme allemand, le réalisme poétique français, le cinéma soviétique et ses films de propagandes qui utilisent si bien le montage… Et cette période, essentiellement muette, est gorgée d’effets spéciaux en tout genre. Que ce soit dans les films de Chaplin, La Ruée vers l’Or notamment, ou des œuvres comme Nosferatu ou encore Métropolis, c’est une véritable orgie. On trouve des projections, des maquettes et autres incrustations savantes et audacieuses. Notons que c’est en France que l’animation image par image (ou animation en volume) a été développée par Emile Reynaud puis Emile Cohl (exemple avec sa Fantasmagorie de 1908), marquant plus ou moins la naissance du dessin-animé et de ce qui s’en suit.

O'Brien et les dinnsaures. Graou ! Je vais te manger ! Mais non t'es herbivore ! Ha ouais, merde !

O’Brien et les dinnsaures. Graou ! Je vais te manger ! Mais non t’es herbivore ! Ha ouais, merde !

En bondissant

En 1925 sort un film jalon, Le Monde Perdu d’Harry O. Hoyt, adaptation du roman d’aventures éponyme d’Arthur Conan Doyle (le papa de Sherlock), où on peut voir des explorateurs découvrant un monde peuplé de dinosaures en Amérique du Sud. Le défi était de présenter des dinosaures (les premiers monstres géants du cinéma) évoluant en même temps que de vrais comédiens. Les dinosaures étaient alors à la mode, et la paléontologie une affaire publique, les découvertes s’enchaînant comme une héroïne de mauvais roman érotique et envahissant les journaux les plus sérieux. Pour le monde perdu, Willis O’Brien, l’un des grands noms des effets visuels, créera  des marionnettes de sauriens tout à fait perfectionnées et les animera image par image. Il sera le premier à vouloir donner une impression de réalisme et, pour cela, il va s’inspirer des connaissances paléontologiques de l’époque (c’est peut être pour cela qu’on voit des brontosaures carnassiers), s’acharner à faire respirer les bébêtes (utilisant des chambres à airs, des ballons, …) et à les faire marcher de manière physiquement probable. Déjà, à ce moment, on cherche à reproduire une idée du réel, il ne suffit plus de montrer un monstre, mais de l’incorporer dans les mêmes images que des personnages humains (et joués par des humains).

Pour incruster les dinosaures dans les mêmes plans que les personnages, il va utiliser des projections complexes ainsi que des caches. La plupart du temps, néanmoins, ce sont les comédiens jouant devant un écran sur lequel sont projetées les séquences de dinosaures. Certes, les dinosaures sont ici des monstres plus que des animaux, mais c’est néanmoins l’ancêtre direct de Jurassic Park. Pour vous rendre compte du travail effectué déjà à l’époque, vous pouvez regarder cette petite compilation de sauriens tirés du film. On remarque que le mouvement est une préoccupation première, le cinéma étant l’art du mouvement. Si la créature ne bouge pas de façon naturelle, son artificialité est révélée et plus personne n’aura peur. Le Monde Perdu fera sensation, on comprend pourquoi.

En 1933, O’brien ira bien plus loin avec un grand classique, King Kong de Mérian Cooper et Ernest Beaumont. Là encore, une histoire de dinosaures suivant peu ou prou le même schéma, mais avec un singe géant doué d’émotion en plus. Les techniques utilisées pour Le Monde Perdu sont ici perfectionnées de manière significative, et Kong (King pas Donkey, ni King of Kong) reste le plus grand défi du film. Le singe ne doit pas être seulement effrayant de par sa taille, mais aussi jouer avec l’héroïne (pas la drogue hein, l’actrice). Et pour que le public croie à cette histoire d’amour tragique, il faut retranscrire une large palette d’émotions sur la marionnette de Kong.  Le choix de mélange des techniques sera aussi à l’origine du succès du film. Non seulement des immenses maquettes seront construites (la ville de New York ravagée par Kong, les dinosaures,…), mais aussi une main géante et animée du singe, pouvant ainsi interagir complètement avec l’héroïne (rien de sexuel, on vous dit).

A peu près à la même époque, un petit studio sans avenir, celui de Walter Elias Disney (vous savez le mec qui a volé la souris de son pote), popularise le dessin-animé (et il n’est pas le seul à le faire mais nous ne pouvons pas parler de tout le monde). En 1937, après florilège de courts métrages, sort Blanche Neige et les Sept Nains, premier long métrage d’animation de l’histoire réalisé par David Hands. Le pari était risqué, le budget enfla de manière significative mais le succès fut colossal et le dessin-animé devint un « genre » sérieux. La légende veut même qu’Adolf Hitler adorait ce film et en gardait un exemplaire dans ses plus intimes bunkers. Blanche Neige a été révolutionnaire, la bougresse, techniquement, et sur plusieurs plans. Les dessins-animés d’alors étaient conçus sur seulement deux ou trois plans, et ne proposaient pas un nombre important de personnages en même temps. Pour les besoins des scènes où il y a pléthore d’animaux et de nains barbus, le nombre de plan animés a été multiplié par deux ou trois, ce qui a engendré de nombreux défis techniques que je ne vais pas m’amuser à expliquer ici, mais résumons en disant que les techniques du dessin-animé ont grimpé d’un seul coup de plusieurs échelons sur l’échelle de la… mét… de… hum… je me suis perdu dans ma métaphore.

Mais Blanche neige utilise aussi la rotoscopie, qui n’est pas un précédé nouveau mais, utilisé dans une optique inédite et brillante, révolutionne la conception animée. La rotoscopie est la retouche image par image d’un film, d’une vidéo (pour enlever des câbles sur toshop, peindre une pellicule pour la coloriser ou les dieux savent quoi). C’est une technique encore utilisé aujourd’hui, même si les outils changent. L’équipe de Disney souhaitait rendre les personnages réalistes, pas trop cartoonesques, afin de garder l’aspect terrifiant du conte d’origine (des frères Grimm). Et en plus du design choisi se rapprochant de la réalité (la méchante reine a le visage glacial de l’actrice Joan Crawford), ce sont les mouvements qui intéressent les animateurs. Chaque scène est jouée par de vrais comédiens, et filmée. Ensuite, chaque image (24 par seconde, a priori) est redessinée par transparence à partir de la pellicule dans le dessin. Les animateurs gardent ainsi le mouvement fluide et réaliste des comédiens, mais y collent le design des personnages, et les incrustent dans l’univers dessiné.

Mais pourquoi je vous parle d’animation ? Parce que c’est tout autant passionnant déjà. Mais surtout parce qu’on ne peut que voir ici l’ancêtre direct de la motion capture, équivalant numérique de cette technique de débrouillards (oui, voilà, qui ne peut se pratiquer que dans la brume). Dans les deux cas, on purifie de son enveloppe charnelle un acteur, pour ne garder que ses mouvements et sa performance, et on colle cette performance sur autre chose. Les outils changent, la philosophie derrière non. Les studios Disney réutiliseront d’ailleurs les même images de comédiens, pour les intégrer dans plusieurs films (on retrouve des scènes de danse de Blanche Neige dans La Belle au Bois Dormant par exemple, adapté du conte éponyme de Perrault), et forcément on se dit qu’ils sont un peu flemmard. Mais cette économie ne représente pas grand-chose en comparaison avec la masse de travail que nécessitait quand même chaque plan, chaque image devant être retouchée (et il y en a 24 par seconde). Et puis les enfants n’en ont sûrement pas grand chose a faire tant ils sont éblouis par la magie de Disney.

Les dessous de Blanche Fesse et les Sept Nains. Elle tourne bien, remarquez.

Les dessous de Blanche Fesse et les Sept Nains. Elle tourne bien, remarquez.

Et en s’adaptant

Et là on s’attaque au gros morceau, le monsieur considéré comme le plus grand concepteur d’effets visuels de l’histoire, le célèbre et célébré Ray Harryhausen. Il est constamment cité comme référence par presque tous les cinéastes familiers du genre fantastique, parmi les plus prestigieux George Lucas, Steven Spielberg, James Cameron, Guillermo Del Toro, Peter Jackson, Sam Raimi, Joe Dante, Tim Burton, Terry Gilliam, John Landis mais aussi Nick Park, le créateur génial de Wallace et Gromit, et toute une foule de clochards anonymes. En gros tout le monde. Pour mesurer l’impact du bonhomme, il suffit de voir le nombre incroyable de scènes citant explicitement ses œuvres. Vous avez pu en voir dans La revanche des Siths, Pirates des Caraïbes, Gremlins, Jurassic Park 1 et 2, Pacific Rim, Alice au Pays des Merveilles, Mars Attacks!, Evil Dead 3 ou encore Le Seigneur des Anneaux pour ne citer que des films très connus. Et ce n’est pas pour rien que le bar branché de Monstres et Compagnie s’intitule le « Harrryhausen’s » Notons aussi que Ray était un grand ami d’un autre fameux Ray, à savoir Ray Bradburry, c’était pour l’anecdote rigolote… Et pour citer l’opulente Rachel Bloom. Mais commençons par le commencement.

Grand admirateur de Willis O’brien, Harryhausen se fera les dents avec des films de dinosaures (tiens donc), puis des adaptations de contes classiques en stop motion, en animation image par image (on peut aussi dire go motion). Il sera l’assistant d’O’brien sur le film Mighty Joe Young sorti en 1949 et mettant en scène un gorille moins géant que le King des Kong mais tout aussi émotif et émouvant, et lui aussi créé en stop Motion. Grâce à Harryhausen (selon les témoignages de celui-ci et de son mentor), le gorille sera bien différent et sans doute supérieur à celui de King Kong. Kong ne se déplaçait pas comme un gorille, Joe (le gorille du film de 1949) évolue, lui, exactement comme un vrai singe, car Harryhausen a étudié longuement ces animaux pour reproduire leur démarche et leur attitude en toute circonstance. Et c’est là l’apport de ce génie au monde des effets visuels et de la représentation cinématographique de créatures imaginaires. Il a été le premier à étudier en profondeur comment doit bouger la créature, selon son poids, son environnement, son alimentation. Par exemple un monstre essayant de dévorer un personnage n’est pas que réfléchi dans cette optique. Harryhausen imagine, et incorpore dans son comportement, comment il vit sa vie de tous les jours, comment il dort, comment il s’étire… C’est une approche nouvelle qui accentue le coté réaliste des créatures et aussi leur personnalité ; et il est intéressant que même dans Avatar, les bestioles sont animées exactement comme Harryhausen l’aurait fait (avec les mêmes moyens à disposition).

En 1958, avec Le Septième voyage de Sinbad, considéré comme l’un des premiers grands films d’aventures fantaisistes, poussera le bouchon terriblement loin en créant un combat à l’épée entre un personnage joué par un humain et un squelette animé en stop motion, et donc incrusté après. Cette séquence, qui traumatisa les associations de parents (bisous Familles de France) et émerveilla leurs enfants, proposait plusieurs défis. En effet jamais l’interaction entre humain et créature incrustée n’a été si précise. De plus il était impossible de faire doubler le squelette par un acteur (comme avec Snow White), puisqu’il était impossible de l’effacer de la pellicule après. Enfin le squelette devait suivre le rythme de la séquence et du comédien, et les épées devaient faire illusion de vraiment s’entrechoquer avec violence. Et force est de constater que c’est une réussite sensationnelle, voyez plutôt.

En 1963 il ira plus loin avec Jason et les Argonautes, film mettant en scène une bataille entre trois humains et sept squelettes, séquence qui a largement inspiré certains passages de Pirates des Caraïbes, La Momie, Evil dead 3 ou encore La Menace Fantôme (un film qui, contrairement à la croyance populaire, existe réellement).

Notons qu’en 1966, il travaillera sur le film d’aventures préhistorique du studio Hammer Un million d’années avant JC (trailer, extrait), mettant en scènes des hommes préhistoriques aux prises avec des dinosaures. Le film est connu pour avoir marqué un jalon dans l’animation de dinosaures (c’est assez étrange d’écrire ça), mais aussi et surtout pour la courte tenue en peau de bête mettant en valeur le charisme naturel de la star en devenir Raquel Welch. Harryhausen, ne manquant pas d’humour, déclara même que si les femmes préhistoriques ressemblaient à ça, l’humanité avait bien régressée depuis. PAF. On la lui faisait pas.

En 1969, La Vallée de Gwangi, film mettant en scène des cowboys voulant capturer des dinosaures au lasso (génial ou ridicule, je ne sais pas, mais dans le doute, je dirai génial) fait hélas un flop malgré ses innovations techniques. Le Monde Perdu de Spielberg (1997) reproduit très exactement une séquence culte de La Vallée de Gwangi au passage, mais ne comptez pas sur moi pour vous dire laquelle, vous n’avez qu’à faire vos devoirs et regarder ces deux films.  La fin de carrière d’Harryhausen ne rencontrera pas le succès, ou dans une moindre mesure, et ce malgré quelques grandes réussites. Le Voyage Fantastique de Sindbad, sorti en 1974, montre des interactions entre créatures en stop motion et décors réels absolument bluffantes, et sa suite, Sinbad et l’œil du Tigre (1977), montre un singe animé en stop motion qui écrase King Kong ou Mighty Joe Young, et ce n’est pas Stallone. Son dernier film, Le Choc des Titans sorti en 1981 est devenu une œuvre culte dont le français Louis Leterrier a signé un remake qui a brillé par ses effets numériques à défaut du reste.

Jason and the Zrgonauts, ouesh.

Jason and the Zargonauts, ouesh.

Harryhausen a été à l’origine d’un perfectionnement massif dans les techniques de stop motion, mais aussi dans leurs incrustations dans des images réelles et la qualité des marionnettes elles-mêmes (en même temps, plus de trente ans de carrière ça aide, encore faut-il s’en donner les moyens). Il a été le premier à faire comprendre qu’un film pouvait être vendu plus pour ses effets visuels que pour son scénario ou ses comédiens. Ainsi s’il n’a jamais réalisé de films, Harryhausen est beaucoup plus connu que les réalisateurs des films pour lesquels il a travaillé. Et il faut noter que même si la plupart sont cultes, aucun film cité plus haut n’est un chef-d’œuvre, certains sont parfois sans queue ni tête. Harryhausen a aussi fait le lien entre les effets visuels et la musique. Il a compris très vite que l’accompagnement musical maximisait les effets. Et pour cela il va faire appel a l’un des plus grands compositeurs de cinéma, Bernard Herrmann, connu pour sa collaboration légendaire avec Hitchcock, mais aussi avec Orson Welles ou encore Martin Scorsese. Mais c’est encore une fois l’approche qui est importante chez Harryhausen. Devant l’impossibilité de montrer des créatures photo-réalistes, afin de les rendre crédibles et de servir l’histoire, c’est la vie qui les anime qui importe, et donc le mouvement. Il est à noter que Harryhausen étant décédé en 2010, Pacific Rim, film qui lui doit beaucoup, lui est dédié, et que le français Gille Penso, a réalisé un très bon documentaire, Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux dont je vous recommande chaudement le visionnage et les éditons vidéos très complètes.

Que tirer de tout cela ? On remarque que les effets visuels, ou spéciaux, sont aussi vieux que le cinéma lui-même, et ont suivi son évolution. Les principaux défis étaient de donner littéralement vie aux personnages créés pour le film (des dinosaures, Blanche Neige, des squelettes…), et ce grâce aux mouvements et aux designs, ainsi qu’à l’appui de la musique, de la mise en scène et des comédiens. Mais même si cela est toujours vrai, jamais jusqu’au années 1970-80, on a voulu faire oublier ces effets (les rendre invisibles). Dans la plupart des cas, à quelques exceptions près comme Chaplin ou Disney, ils servaient a émerveiller ou terrifier.

Ce qui me fait conclure par la fameuse citation de Arthur C. Clarke : « toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » La suite au prochain épisode.

Lemming Affranchi.
Sur les coulisses du cinéma : Trucages et Effets Spéciaux – Histoire d’une pratique (partie 2),
En lien : Pré-lol-gie ou véritable prélogie ? (épisode 1), Episode 2.
Interview de Zip – Matte-Painter & De l’importance des B.O. au cinéma.

13 commentaires

  1. Merci, je viens de vivre une replongée dans mon enfance où, armé d’un sachet de dragibus, je regardais « le cinéma des effets spéciaux » sur la 5

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