Nouvelles

Le Choix (The Choice)

Le Choix (The Choice)

Paul J. McAuley

 Il est parfois des hasards qu’on ne peut expliquer. Vous me direz, c’est le principe même du hasard, d’être hasardeux, imprévisible et souvent inexplicable. Certes. Mais parmi ces hasards, certains me marquent plus que les autres, peut-être parce qu’ils m’arrivent plus souvent – ou simplement que je me rends compte plus souvent qu’ils m’arrivent, tout n’est parfois qu’une question de point de vue -, qui sait. Ce sont les hasards d’emploi du temps.

Deux exemples se sont produits au mois de mai dernier. Alors que, récemment déménagé sur Dijon, je croisais lors d’un week end sur Lyon un camarade en charge de la programmation d’AOA Production pour les Intergalactiques de Lyon, il me proposait de modérer une table ronde lors de cette édition 2016, le 15 mai. Elle devait s’intituler « Big Brother is adapting you » –> Cinéma et littérature, quand les utopies virent au cauchemar avec Sara Doke, Raphaël Colson, Ginger Force, P.J. McAuley. A cette époque je terminais la lecture du Marteau de Dieu d’Arthur C. Clarke et je fus frappé – OWCH! – de voir à quel point ce petit roman me donnait des pistes précises pour développer un angle d’attaque pour préparer l’intervention.

Et puis, le 15 mai arrivant, la table ronde s’est déroulée sans que je réalise réellement que le petit bouquin, récupéré en librairie quelques jours plus tôt, que j’avais pris pour m’accompagner sur cette journée n’était autre qu’un bouquin de Paul J. McAuley, l’un des intervenants et que plusieurs des thèmes abordés par notre table ronde étaient abordés dans ses lignes.

Des fois, dans ces moments-là, on se dit que la boucle est bouclée et on se prête à sourire à ces coïncidences sans incidence. Et encore, ces sourires-là, ce n’est rien comparé à ceux que vous aurez en finissant le bouquin.

Une Heure Lumière, chez Le Bélial', une collection à l'univers visuel très réussi, signé Aurélien Police.

Une Heure Lumière, chez Le Bélial’, une collection à l’univers visuel très réussi, signé Aurélien Police.

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Rapport Minoritaire (Minority Report) / Souvenirs à Vendre (Total Recall)

Rapport minoritaire (Minority Report) & Souvenirs à vendre (We can remember it for you wholesale)
Minority Report & Total Recall + Total Recall : Mémoires Programmées (Total Recall)

Philip K. Dick / Steven Spielberg
Paul Verhoenven / Len Wiseman

Gros titre. En même temps, je voudrais pas dire mais si vous lisez entre les lignes, vous pouvez aisément vous rendre compte qu’il s’agit d’étudier cinq oeuvres – deux nouvelles et trois films – de quatre auteurs différents, rien que ça.

Alors dit comme ça, ça parait pompeux – Boom! – mais ne vous inquiétez pas. On ne va pas étudier chaque film en détail comme pourrait le faire un Lemming Affranchi. Non non, on n’aura pas cette prétention. Ce qui est clairement l’objectif ici, c’est de continuer de dresser un portrait temporel de l’évolution de l’imagerie cyberpunk dans les mentalités collectives. Ce travail, commencé avec deux gros articles sur Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? / Blade Runner, du même P.K. Dick et son adaptation par Ridley Scott, et sur Neuromancien de William Gibson ainsi que, plus récemment, sur l’essai de sociologie urbaine Au-delà de Blade Runner par l’historien américain Mike Davis, qui nous permettait d’étudier le glissement des références politiques et sociales à la pop-culture cyber des Etats-Unis à l’Europe en vingt à trente ans.

Aujourd’hui, nous allons essayer de voir comment d’un Philip K. Dick torturé, on en vient à une imagerie et une adaptation particulièrement orientée sans que cela choque outre mesure et, mieux !, sans que cela ne dénature forcément l’oeuvre d’origine.

Intriguant ? Mais nous n’avez encore rien lu !

Un nom et des titres qui claquent. C'est aussi ça la formidable résonance culturelle de P.K. Dick.

Un nom et des titres qui claquent. C’est aussi ça la formidable résonance culturelle de P.K. Dick.

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Pigeon, Canard et Patinette

Pigeon, Canard et Patinette

Fred Guichen

Lauréat du Prix Exégète 2016

Il y a quelques semaines, je profitais d’une semaine un peu remplie pour me pencher sur le cas de la nouvelles Les Retombées écrite par Jean-Pierre Andrevon en 1979 et republié en 2015 par Le Passager Clandestin dans sa collection Dyschroniques.

J’en avais également profité pour mettre en avant le concours d’écriture organisé par l’éditeur pour l’occasion :

L’histoire que vous écrirez doit se passer dans un futur moyennement proche. Un lien doit exister avec Les Retombées, et le texte doit  aborder au moins le thème de la terreur nucléaire, si possible du complexe militaro-industriel, du mensonge d’État et du contrôle politique.

Ce concours avait déclenché une vague de médiatisation autour de la nouvelle d’Andrevon et de multiples articles sur la toile, ce qui explique en partie la faible longueur de l’article du jour. Une fois encore empruntons nos mots à Dominique Bellec (dans son interview) :

Concernant l’appel à textes que tu évoques dans ta question, il s’agissait en fait d’un concours, un one-shot, autour de l’excellente nouvelle de Jean-Pierre Andrevon, Les Retombées […] Trente-et-un auteurs, plus ou moins confirmés, nous ont envoyé leur production. Le jury, composé de Jean-Pierre Andrevon, bien sûr, de nous trois au passager clandestin, de Philippe Lécuyer, directeur de la collection, d’Étienne Angot libraire au Merle moqueur à Paris, de Mathias Échenay, des éditions La Volte et d’Hubert Prolongeaujournaliste et écrivain a retenu Pigeon, Canard et Patinette de Fred Guichen. […] Je n’en dis pas plus, mais je le recommande chaudement à tes lecteurs.

Si vous pensez que cette poupée vous donnera des cauchemars jusqu'à la fin de vos jours... bah lisez le texte derrière la couverture et retrouvez votre sérénité.

Si vous pensez que cette poupée vous donnera des cauchemars jusqu’à la fin de vos jours… bah lisez le texte derrière la couverture et retrouvez votre sérénité.

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Les Retombées

Les Retombées

Jean-Pierre Andrevon

De puis quelques temps déjà, nous avons l’habitude de retrouver les ouvrages de la collection Dyschroniques, aux Editions Le Passager Clandestin. En janvier nous avons eu la chance de vous proposer une interview de l’un des membres du Passager – je vous vois venir et non, cent fois non, ce n’est pas la jambe droite -, Dominique Bellec (voir). Nous avons donc pu en découvrir un peu plus sur cette maison d’édition, notamment sur la collection du jour à mi-chemin entre la collection de science-fiction traditionnelle et les autres collections d’essais, très sociétales.

Dans cette collection atypique que nous avons déjà bien parcouru, nous n’avons croisé qu’un seul auteur français, Philippe Curval, qui nous avait été présenté par son texte de 1978 Le Testament d’un enfant mort. Il nous livrait une analyse sociale funeste où la progéniture de l’homme ne souhaitait pas survivre, tant nous avions gâché notre monde et notre potentiel.

Ici, nous découvrons Jean-Pierre Andrevon, figure de la science-fiction française (Grand Prix de la science-fiction française en 1990) avec un texte 1979 au titre évocateur : Les Retombées.

Un air de Zone ? Si vous cherchez ce qu'est la zone, c'est ici !

Un air de Zone ? Si vous cherchez ce qu’est la zone, c’est ici !

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Créature

Créature

SoFee L. Grey

L’année nouvelle a à peine pointé le bout de son né que, déjà, partout sur la toile, dans les transports et dans la bonne société occidentale, on voit surgir des méandres de nos réseaux de fréquentations ce non-sens total qu’on aime à appeler « Les bonnes résolutions« . Comme si une résolution pouvait – pour un individu non génie du mal de dessin-animé ou de comicbook – être mauvaise. Minus et Cortex voulaient conquérir le monde, mais je ne vois pas qui d’autre.

Ma voisine Fatima, elle, n’en a rien à foutre. Sa résolution, m’a-t-elle dit, est de passer plus de temps avec son fils, lequel a coupé les ponts il y a quelques temps. Mon boss, et nonobstant ami, m’a avoué qu’il profitait de la nouvelle année pour veiller plus à sa santé. Un cousin veut redoubler sa volonté de trouver un travail ce que, soit dit en passant, je ne comprends pas : il s’investit dans l’associatif, écrit des articles formidables mais la société le considère comme un méchant chômeur parasite. Mais c’est un autre débat que celui du revenu universel incompressible.

Bref, en cette aube de 2016, tout le monde, ici et là, semble vouloir changer. Souvent pour s’améliorer. Bien bien. Mais, cela soulève en moi des questions : si je n’ai rien prévu de changer à ma vie pour l’année à venir, cela fait-il de moi un fou, pédant et prétentieux ? Je veux dire, ce n’est pas ne pas reconnaître ses défauts que de s’aimer comme on est et ne rien avoir spécialement envie de changer cette année. De même, je ne souhaite rien, à personne.

Au contraire, je nous souhaite tout, à tous. Et ça commence maintenant.

Une esquisse simple qui envoûte votre regard ? Pour moi, ce sera la Dame à la Licorne...

Une esquisse simple qui envoûte votre regard ? Pour moi, ce sera la Dame à la Licorne

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