Qu’est-ce que l’espoir en SF ?
(ou : revoir Alien avec ma cousine de 17 ans)
Il y a une question qui, de temps à autre, ressurgit dans l’actualité du petit milieu de la SF française, comme ce vieux ballon blanc nacré qui revient toujours cogner contre la berge du lac artificiel des Buttes Chaumont : celle de l’espoir en l’avenir, de la science-fiction positive, optimiste… Question qui bien souvent génère des polémiques diverses, allant du simple « est-ce scientifiquement crédible ? » jusqu’au plus borderline « est-ce politiquement correct de fantasmer des avenirs meilleurs ? « . Je ne vais pas tenter de répondre à ces questions ici, je ne vais même pas juger de leur pertinence, mais plutôt essayer, un instant, de cerner quelques traits de l’espoir en SF.
Avant même de l’écrire, j’ai pensé à mon roman Un Eclat de Givre comme à un post-apo positif, ou du moins un « post-apo pas glauque ». Un post-apo où même après la catastrophe, l’humanité parvient non seulement à survivre, mais à se reconstruire, au final à vivre. Et le monde redevient un terrain d’aventures. Un roman freak show, gouailleur et solaire, voilà ce que j’ai voulu écrire. Ce que j’ai écrit, j’espère. Et pourtant, il y a quelque chose, au coeur de Givre, qui m’a échappé, qui s’est insinué là presque malgré moi. Une mélancolie, une nostalgie qui n’est pas un regret du passé, mais plutôt de ce que le futur aurait pu être, de certaines promesses non tenues. Et pourtant j’aurais envie de vivre dans le monde de Givre, j’avais vraiment voulu créer un futur plein d’espoir – bon, un espoir à ma manière, qui a plus traîné ses guêtres sur des petites scènes de théâtre que dans des bars chics sur les Champs Élysées. Est-ce que c’est suffisant ? L’espoir que le monde continue, et même qu’il devienne plus intéressant à vivre, est-ce un horizon assez large pour la SF aujourd’hui ? N’a-t-on pas envie de voir plus grand ?

« Avant même de l’écrire, j’ai pensé à mon roman Un Eclat de Givre comme à un post-apo positif, ou du moins un « post-apo pas glauque ». »
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