Wastburg

Wastburg

Cédric Ferrand

Cela fait désormais presque une année complète que j’ai acheté Wastburg. C’était même mon premier ouvrage chez Les Moutons Electriques. J’étais subitement tombé amoureux de l’univers truculent et de la gouaille non pas subtile de ses habitants, de la crasse moisie de ses ruelles et des entourloupes à la pelle. Mais je ne l’avais pas lu. Non puisque j’ai, comme beaucoup de monde à vrai dire, découvert cet univers à travers le jeu de rôle éponyme qu’en a fait son auteur, Cédric Ferrand.

Nous reparlerons de ce jeu ici car si j’ai lu le roman, c’est avant tout parce que j’avais envie de me remettre au jeu mais, ayant perdu ma table de joueurs au détour de déménagements, événements de vie professionnelle ou personnelle, soirées houblonnées et moults conventions rôlistiques, il me fallait m’y remettre par moi-même. Quoi de meilleur pour maîtriser l’univers que de se faire au background. C’est donc aussi un peu de JDR dont on va parler. Ou en tout cas, on va préparer le terrain.

C’est donc avec un amour déjà établi que j’abordais Wastburg, avec dans l’idée de prendre la suite pour créer mon bout de quartier mafieux loritain.

Wastburg et son pendant JDR avec les trois premières extensions, un jeu simple à prendre en main sur lequel on reviendra bientôt !

Wastburg et son pendant JDR avec les trois premières extensions, un jeu simple à prendre en main sur lequel on reviendra bientôt !

Un beau bouquin

Vous le savez si vous suivez ce blog – et si vous ne le suivez pas, je vous enjoins fortement à réviser votre position, on sait jamais des fois que mes voisins albanais trouvent où vous habitez -, ça m’arrive encore bien trop souvent de craquer sur un livre à cause de la couverture. Genre pour La Confrérie des Chasseurs de Livre ou encore pour La Route de la Conquête. En général je ne suis pas déçu. Par exemple je n’avais pas craqué sur la couverture de Dark Moon, et bien la lecture m’a donné raison ! Et oui, ce paragraphe était un moyen gratuit de linker d’anciens articles, de faire du buzz sur vent et de me la péter parce que j’écris des trucs. Et oui vous avez le droit de trouver cela critiquable. Mais je m’en fous, je dois bien justifier mon pseudonyme sur les internets de temps à autre, non ?

Wastburg est donc un chouette bouquin, de visu, comme à l’habitude avec Les Moutons électriques. Alors je les vois venir les petites chouinardes des réseaux sociaux : « -Ho mais le vendu l’autre hé ! Trois livres de suite qu’il nous parle de cet éditeur [ndlf : avec Un Eclat de GivrePorcelaine], j’suis sûr il est en combine ! » Mais je vous répondrais que si je l’étais, en combine, avec une puissance financière comme les Moutons, j’aurais déjà décroché un job de rêve, payé une fortune – SMIG + ticket resto j’entends – au Figaro. Comme je suis là, et pas chez la Bande à Pique-Sous, vous pouvez déduire vous-même – vous sentez l’aigreur là ?

J’en étais où ? Ha oui la couverture. Elle est bi-signée, et c’est assez singulier pour le signaler, par Maroussia Podkosova et Patrice Larcenet. La première est une photographe qui dispose d’un univers très particulier et qu’elle semble très bien maîtriser, qui mêle à la fois référents de culture geek et un sens du fantastique et du glauque assez époustouflant (facebook). Patrice Larcenet est lui plus « connu » – je mets des guillemets hein – pour son travail en tant que coloriste pour de la BD notamment et pour son JDR décalé Raoûl, le Jeu de Rôle qui Sent sous les Draps et aussi pour ça… Ca vous revient les guillemets ? Deux artistes aussi décalés et différents nous pondent malgré tout une gouleyante couverture aux allures de morbide illusion qui colle parfaitement aux thématiques du livre en reprenant des éléments clefs comme la fameuse/fumeuse tour des Majeers, le pont du Waelmsat, les maisons à colombage, le Pwerk et tutti quanti.

Le travail d’édition est également, comme on l’a dit pour Porcelaine d’Estelle Faye, très soigné sur les softcovers des Moutons, notamment au travers de ces rabats qui ont le double avantage de pouvoir marquer les pages et/ou contenir, si l’on est comme le Faquin un analyste pointu – surtout des tétons – les notes prises tout du long. Si le dernier, est à nouveau utilisé pour faire découvrir d’autres ouvrages de la collection, aka la Bibliothèque Voltaïque, le premier lui contient des critiques d’auteurs sur le roman de Ferrand qui sont très intéressantes et sur lesquelles nous reviendrons.

Il y a peu, nous discutions avec Estelle Faye et elle me confiait qu’il s’agissait là d’un de ses rêves d’auteurs que d’être publiée chez les Moutons, notamment en raison de la qualité des textes qu’ils choisissent de porter jusqu’à la publication mais aussi pour la qualité des ouvrages. Ca compte, l’objet est beau. Maintenant, quand pour un hardcover comme Givre (245 pages) on nous demande 21€, on comprend. Quand pour Porcelaine, on nous demande 19.90 (softcover 275 pages), on comprend aussi. Mais là, on nous demande 26€ pour le grand format en softcover de 280 pages ! Alors oui, on l’avait vu dans le billet sur Givre, les ouvrages ne sont pas imprimés au même endroit (Givre : République Tchèque, Porcelaine : France, Wastburg : Espagne) donc les coûts varient probablement. Mais 5€ de plus qu’un hardcover c’est malgré tout dur à avaler. On rentre dans une autre catégorie de livre là.

D’autant que, dans la même conversation avec la même auteure, on a eu une petite discussion sur la correction des manuscrits. Et les photes d’aurtograffe. Elle est bien mieux placée que moi pour en parler et pour m’expliquer que c’est toujours délicat chez un éditeur que parfois la correction ou la mise en page crée des coquilles – elle se souvient même d’une coquille qui n’est pas d’elle dans Porcelaine qui l’angoisse encore. Mais je veux dire, à un moment, quand on vend un livre à 26€, aussi passionnant soit-il, on en attend plus. Sur les 122 premières pages de l’ouvrage j’ai compté 11 coquilles (typo ou orthographe). Notamment ce fameux « n’ont pas » en lieu et place d’un « non pas » page 122. Et, même si ça a tendance à se calmer par la suite, à l’avant dernière page du bouquin, au moment où TOUT se résout, on à le droit au très classique « pallier au vide laissé par… » SeriousLee ? Ça m’a personnellement parfois arrêté en pleine lecture, fait jeter le livre de rage – sur un coussin faut pas déconner – à regretter de n’avoir pas acheté la version poche.

Cependant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Déjà parce que ça serait creepy – comment savez-vous ce que je n’ai pas encore dit hein ? Sales mutos ! – et ensuite parce qu’en soi, c’est un bon bouquin. Juste un peu cher et un peu rempli de coquilles.

Quelques ouvrages de la collection Bibliothèque Voltaïque. Les hardcovers sont les plus grands.

Quelques ouvrages de la collection Bibliothèque Voltaïque. Les hardcovers sont les plus grands.

Tuer le père

Cédric Ferrand est un joyeux drille. Si l’on en croit sa fiche Grog en tout cas :

« J’ai alors [ndlf : c’est-à-dire après être arrivé au club des rôlistes de Chambéry] fricoté avec la Camarilla Française pendant quelques mois et j’ai rencontré des gens formidables aux 4 coins de la France. Une excellente expérience à laquelle je dois de belles amitiés (coucou Maroussia) et des soirées mythiques.
C’est alors que les Héritiers de Babel ont commencé à publier quelques nouvelles pour Nephilim dans leur fanzine « Vision-Ka ». J’y raconte les mémoires d’Aboulafia, un Nephilim atteint du syndrôme d’Higgins (Je me souviens, c’était en 69 à Hanoï…). Au même moment, j’ai été contacté par une association lyonnaise : Lupus Ideis. Non contents de publier un des mes articles pour Raôul dans leur fanzine « Bière et Bretzel », ces fous ont apprécié une de mes créations (Soap) et ont décidé de la publier, dans un moment d’égarement qui m’étonne encore.
Plus récemment, j’ai été débauché par Patrice Larcenet qui m’a proposé plein de parts de marché et de pognon en échange de l’écriture d’un e-supplément pour Raôul. Depuis, j’ai la classe, des stocks options et un catogan. Et s’il m’arrive d’écrire des scénarios avec Philippe Fenot pour Casus, c’est juste pour ne pas perdre le contact avec la réalité et les rôlistes d’en-bas.
Je ne paye pas d’impôts sur la fortune depuis que j’écris. Toutefois, j’espère que Soap D20 me permettra d’acheter un yacht.« 

Un joyeux drille bien décalé ? Si on s’en tient à ses productions sur l’univers de Wastburg, oui. Mais ça veut dire quoi décalé ? Et bien ça veut avant tout dire s’éloigner des poncifs. S’éloigner des toujours trop verts prés à elfe, mine à nain. C’est en tout cas ce vers quoi semble tendre la citation de début d’ouvrage – qui suit d’ailleurs une reproduction « d’après une gravure ancienne » qui n’est pas plus renseignée que cela, mais mon côté historien doit chipoter, je suppose, de ne pas avoir les références de l’oeuvre originale – qui tient lieu de mise en bouche :

« Tolkien est le kyste sur le cul de la littérature fantasy. Son oeuvre est massive et contagieuse : vous ne pouvez l’ignorer, n’essayez donc même pas. Le mieux que vous puissiez faire, c’est d’essayer de crever l’abcès. Car il y a beaucoup à exécrer : sa suffisance wagnérienne, ses aventures bellicistes en culotte courte, son amour étriqué et réactionnaire pour les statuts quo hiérarchiques, sa croyance en une moralité absolue qui confond morale et complexité politique. Les clichés de Tolkien (elfes, nains et anneaux magiques) se sont répandus comme un virus. Il a écrit que le rôle de la fantasy est de « réconforter », créant ainsi l’obligation pour l’écrivain de fantasy de dorloter le lecteur. » China Miéville.

Comme pour la gravure citée un peu plus haut, je vais râler sur la citation : d’où qu’elle sort boudiou ? Non parce que là c’est important voyez-vous. Important de savoir dans quel contexte l’auteur a prononcé ces mots. Important pour savoir comment on peut les interpréter. Parce que figurez-vous que cette citation a fait le tour des internets en son temps, et qu’elle en a fait couler de l’encre, même sur la page facebook du blog.

Bref, tout ça pour dire que Miéville, c’est un sacré loustic. Tout d’abord parce que, c’est Miéville. Oui c’est ce qu’on appelle un avis d’autorité. Mais un collègue libraire, dont j’apprécie souvent autant la pertinence d’esprit que les boutades approximatives et son rasage frais du matin, m’a rapidement donné ses impressions après avoir lu l’auteur dans le texte : beaucoup d’engagement, de prise de position, d’ingéniosité et même, parfois, de traits de génie, notamment The City and the City (même si c’est un policier et pas de la SFFF) qui semble avoir marqué les esprits – et hop ça de plus à la PAL. Cerner (à défaut de comprendre) Miéville, c’est reconnaître qu’il est, même s’il y va trop fort et qu’il pousse le bouchon un peu trop loin – Maurice -, déjà dans la bonne voie. Et ce n’est pas Patrick Rothfuss qui me contredira :  Fantasy needs to move past dragons and dwarves. A l’image de son engagement politique radicalement opposé aux habitudes qui ont cours en Angleterre, China Miéville est à mon sens ici l’auteur d’un très gros coup de gueule. Une sorte de ras-le-bol. Un « c’est bon, j’en ai plein le dos, on passe à la suite« . Bien entendu, c’est prétentieux et plutôt tape-à-l’œil, ce que ne manque pas de relever cet article de l’excellent blog Acta Est Fabula – qui fait soit dit en passant de très bons papiers sur les littératures de l’imaginaire.

Cédric Ferrand, en ouvrant sur du Miéville, passe dès alors un contrat implicite avec nous : si tu lis, tu sais à quoi t’attendre, signe là. Je m’éloigne fortement de la virulente critique faite dans l’article d’AeF cité juste au-dessus quand il dit que « s’extraire du grand troupeau pour en rejoindre un plus petit n’a aucun intérêt » ou encore lorsqu’il caricature à la volée la nouvelle vague – Grands Dieux que je déteste ce terme – des auteurs de SFFF avec les mêmes procédés avec lesquels ceux-ci ont démonté les suiveurs de Tolkien. Bien qu’encore, je ne suis pas sur qu’ils l’eussent fait systématiquement. Et alors que dire devant :

« A première vue, le constat de votre serviteur est tout autre : en fuyant les éternels clichés, c’est à dire en cherchant systématiquement leur contraire, on voit s’en dessiner de nouveaux, contraires certes, mais des clichés quand-même. Cet échec dans la quête de l’originalité apparaît de manière assez frappante, par exemple, chez Cédric Ferrand qui n’hésite pas à reprendre la citation de Miéville dès la première page de son premier roman – belle humilité – pour nous pondre une resucée fadasse de Gagner la Guerre.« 

Tristement, cette phrase expose les accrocs de chacune des écoles. Celle des « Bouh Tolkien il est sooooo has been ! » et celle des « hey c’était pas pire avant, t’as vu ta gueule ?« . Là où AeF voit des clichés, la Faquinade voit des ingrédients de genre. Comme avec le ciné en son temps. Ou la musique métal. On parle de métal et les gens voient Lordi, Rammstein, Ensiferum et Gojira dans le même panier. Mais la fantasy elle-aussi est multiple – cmb – et déploie ses tentacules – Yamate! – vers de nouveaux horizons.

Ca ne veut pas dire que c’est forcément réussi. La critique d’AeF qui rapproche Wastburg de Gagner la Guerre ne me parait pas fondée. Enfin j’dis ça et j’ai pas lu GlG. Ce que je veux dire, c’est que entre les Chroniques de Raven de Barclay et La Compagnie Noire de Cook, entre La Légende de Drizzt de Salvatore et Le Cycle d’Elric de Moorcock, bah… y’a d’la resucée dans l’air. Et pourtant les quatre oeuvre sont toutes différentes mais présentent des points communs. Comme Il faut sauver le Soldat Ryan en aura toujours avec n’importe quel autre film sur la WWII.

Encore une fois, il semble que tout soit dans la mesure et n’ont pas – c’est moche hein ? – dans les jugements à l’emporte pièce.

L'écran du Jdr Wastburg, qui donne le ton : ça pendouille, y'a de la bicoque, ça sent la bouse.

L’écran du Jdr Wastburg, qui donne le ton : ça pendouille, y’a de la bicoque, ça sent la bouse.

Un récit ?

En d’autres termes, les points de discussion évoqués au-dessus permettent de mettre en évidence quelque chose que Ferrand a réellement voulu faire : on n’a plus le « classicisme wagnérien » que Miéville décrie tant. Ca non. on passe plutôt avec le ton gouailleur et les envolées argotiques à chaque phrase dans un tas de crasse et de chiure, ou stupre et fange sont mari et femme. Seulement voilà, à vouloir en faire une marque de fabrique, l’argot omniprésent essouffle même un Faquin au vocabulaire fleuri comme un cimetière de Toussaint à la longue. On a même l’impression que, parfois, c’est forcé ; que parfois l’auteur a changé quatre ou cinq fois de terme avant de trouver le juron parfait dans les circonstances. Alors je suis d’accord que c’est ce que la plupart des auteurs font en post-production pendant le travail d’édition, mais le truc c’est qu’on doit pas s’en rendre compte. Pas trop au moins.

Si l’on ajoute, pour continuer dans les points noirs, ceci au fait que la narration est complètement hachée menue, la lecture ne s’en trouve pas facilité à première vue. En effet, nous n’avons pas à faire à un récit linéaire avec un début, un milieu et une fin. Nous nous incrustons au contraire dans des moments de vie de citoyens de Wastburg que nous suivons – le plus souvent jusqu’à une mort sale, dans une ruelle obscure, seuls, dans un égout de merde – sans trop en voir l’intérêt avant de commencer à ramasser des bouts de ficelle et de réussir à les rattacher ensemble et voir se profiler une histoire générale de la cité que nous appréhendons, à notre niveau, au travers des expériences individuelles de certains de ses – plus ou moins honnêtes – habitants.

On a donc, à peu de choses près, 15 chapitres qui sont autant de petites nouvelles qu’on peut rassembler à la façon d’un puzzle pour assembler une mosaïque plus grande. Le fait que l’on soit chaque fois perdus, qu’on doive réapprendre à connaître le quartier où on se retrouve, le/les personnage/s que l’on suit, son langage, ses habitudes, ses fréquentations, donne un côté très authentique au texte. On a l’impression de rencontrer et de partager des moments de vie et d’être impuissants devant les événements qu’on ne distingue jamais réellement dans le fond du tableau. Et c’est une des forces majeures de bouquin.

L’autre, à mon sens, est le caractère étonnamment social de l’ouvrage. Souvent on a à faire à des arrivistes égoïstes à la petite semaine, à des gardoches incompétents qui ne pensent qu’à l’après patrouille, aux litrons de pinard et aux filles loritaines qu’ils vont pouvoir s’offrir. On a une cité fondée sur des idéaux depuis longtemps poussés sous un tapis par les besoins du moment, et un roman drapé de mort qui essaie d’en raconter l’histoire. Ce qu’on peut reprocher aux citoyens, gardes, prévôts, échevins ou maesters, c’est bien souvent ce qu’on pourrait reprocher à un voisin, un ami, un homme en bleu, un député ou un ministre. Une forte réflexivité sociale, fortement empreinte d’ironie, donc qui porte l’oeuvre, de mon point de vue, du rang de roman-sympa-pour-un-univers-de-JdR-vraiment-Top à coup-de-coeur. Quand bien même la mort, la violence et la magouille sont omniprésente, l’ensemble du roman garde au coeur une sorte de bonne volonté, de message d’espoir car de chaque tas de cendre vient quelque chose de neuf et de meilleur.

Nous n’avons pas parlé, au final du rabat de la première de couverture. Y sont inscrits deux citations-analyses du roman signées Jean Philippe Jaworski – oui, le même cité comme plagié par Ferrand dans l’article d’Acta est Fabula – et Laurent Kloetzer. Je vous laisse les apprécier :

« Cédric Ferrand a taillé cruellement sa plume, puis l’a trempée dans un sang d’encre pour coucher sur le vélin ces chroniques wastburgeoise. Il nous entraîne dans une maraude louche, qui sent la rousse et le guindal : pour peu qu’on y échappe à la déveine et aux coups tordus, on s’y amourache de la ville crottée [ndlf : c’est vrai !], de sa gardoche et de ses mystères. La langue est truculente, l’imaginaire fécond, la drôlerie féroce. La farce est bien sûr tragique, et derrière les gueux et les médiocres se dessine insensiblement un grand motif, politique et littéraire. » – Jean-Philippe Jaworski.

« Wastburg est faussement simple. On se croit en territoire connu (une ville médiévale crapoteuse un peu genre Lankhmar, des types avec des épées), mais le corbeau Ferrand nous attrape avec une construction bien maligne, tirant fort du côté du roman noir. Ses héros sont toute cette population de petites gens, attachantes ou minables, sur lesquelles personne d’hanitude ne baisserait les yeux. C’est leur vérité, leurs joies, leurs peines, la réalité de leurs vie, qui donne à Wastburg sa saveur particulière, celle d’une bonne pinte de brune débordante de mousse servie sur un comptoir sale [ndlf : c’est vrai aussi !]. Santé ! » Laurent Kloetzer.

Wastburg, c'est aussi un JDR qui a du chien :

Wastburg, c’est aussi un JDR qui a du chien : « Agression du soir, Espoir » et « Gardoches partout ! Justice nulle part !« 

Tu vois le fleuve là ?

Wastburg a ses défauts, personne ne peut le nier. Et personne ne le souhaite d’ailleurs. Ce que j’aime dans un film, dans un roman, c’est qu’il ne me mente pas. Qu’il n’essaie pas de me vendre quelque chose qu’il n’est pas. Et Wastburg ne me ment pas. Il est honnête et se pointe tel qu’il est : crasseux, imparfait et succulent.

Une fois encore, ce ne sera pas un roman qui marquera d’une pierre blanche l’histoire des littératures de l’imaginaire, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. On lui demande de nous raconter de façon déroutante une histoire sale dont on comprend tant l’inéluctabilité que le froid réalisme. That’s all. Et puis quand en fin de compte, dans ses trois dernières pages, il se révèle et que les connexions se font entre toutes ses composantes, il n’apparaît pas au final si simple de lecture que cela. Lisez-le, prenez le temps de découvrir un monde qui n’aura pas de mal à vous attraper et vous retenir par ses coins et ses recoins (et ses gnôles du coin, aussi).

Et allez tous vous jeter dans le Pwerk.

Vil Faquin.

Du même auteur : Sovok.
A consulter : Interview de Gauthier ‘Go@t‘ Lion sur l’extension Fleur de Purge du jeu de rôle Wastburg.
On en parle ici : Littérature et Jeu de rôle.

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