Les Pirates

Les Pirates

Luc Jeand’Heur

Je sais ce que vous allez dire. Il y a déjà un article appelé Les Pirates. Sauf que celui-là, il n’était pas en italique. Parce que c’était une rubrique triangulatoire, parfaitement madame la marquise. Alors que là il s’agit d’un texte de fiction. Donc il s’écrira Les Pirates à l’avenir. Alors ça fait léger, hein, comme différence. Mais si vous n’êtes pas contents, vous pouvez toujours aller vous plaindre auprès de LorianO, après tout c’est de ça faut si j’en suis aujourd’hui au point de faire des considérations typographiques.

Bon, cette intro foireuse était pour tenter de masquer le fait que je n’aie pas posté ici depuis plus d’une semaine, une absence inhabituelle j’en conviens. Tout cela est dû à un petit combo viral d’outre-Rhin apporté par un ami attentionné qui m’a laissé cloué au tapis à me vider littéralement de tout ce que j’avais : joie de vivre, bile et substances fécales. Avec la fièvre et les courbatures qui vont avec. Le tout me laissant triste compagnon d’un chat traumatisé qui n’ose plus m’approcher de crainte de se voir recouvert d’une substance visqueuse et a priori vachement moins bonne que son propre vomi.

Et comme je ne suis pas totalement opérationnel, on va y aller tout doux, avec un tout petit texte, qui porte un titre cool : Les Pirates. Euh non. Les Pirates. Qu’on dise que je suis incontinent, soit, mais inconstant, ça, jamais !

Et puis c’est beau l’Europe.

Normalement leur jolly roger est noir. Mais là, en rouge, faut avouer, ça pète, hein.

Normalement leur jolly roger est noir. Mais là, en rouge, faut avouer, ça pète, hein.

Question d’droit

Bon, maintenant que vous avez vu la photo, il va falloir que je sois inventif. Un petit bout d’carton rouge-flashy à l’encre qui colle au doigt, un nom d’auteur inconnu au bataillon, sans parler de l’éditeur. MAIS IL Y A MARQUE PIRATES. Haha ! Pirates ! Comment ? Ca ne suffit pas ? Bon, j’aurais tenté.

Commençons déjà par les éditions Moinsun. Bon. Euh. Elles viennent de Marseille et. Euh. Voilà. Sur eux sur le net, on trouve ça, ça ou encore ça. Autant dire qu’on est bien loti. Comme Pierre, oui, merci aux deux dans le fond qui suivent. Dans tous les cas, ça m’a l’air d’être un éditeur versé dans les petits tirages, en associatif (cf), pour lesquelles elle bénéficie du soutien de la municipalité de Marseille. Plus étonnant, à la fin de l’ouvrage on apprend que celui-ci a été produit uniquement à 200 exemplaires, en 2005, et… photocopié ! Parfaitement, habiles lecteurs. Je me suis dit qu’un petit coup du style pourrait souffler un vent de fraîcheur.

Comme le nom de l’auteur ! Luc Jeand’heur ! On n’a pas idée d’utiliser des procédés d’aujourd’hui dans un patronyme ! Bon, trêve de plaisanterie, mais de ce que je peux m’avancer, il est fort probable que l’auteur soit enseignant ou assistant à l’Ecole Supérieure d’Art et Design de Marseille Méditerranée (bim), adore les citations (voir), lève doctement l’index gauche (voir) et a un CV long comme… le bras. Ce qui nous laisse cois. Quoi ? Cois ! Et j’imagine non sans peine que le ton débonnaire de ce papier peine à masquer la fébrilité de mon écriture aujourd’hui, alors je vais attaquer le fond.

Les Pirates ça parle de quoi ? Coi ? Quoi ! – promis, j’arrête. Ca commence par un mot : « Apocalypses. » Alors, nécessairement, quand je suis tombé sur un fond de bouquins donnés par l’ami Kerlaft qui bouclait son stand il y a peu, je me suis dit : « cool, des pirates, de l’apocalypse, c’est cool. » Bon, admettons que j’aie mieux formulé, n’étant pas aussi malade, alors.

Bon, en vrai, j’avais quand même lu le premier chapitre : France, on ne sait pas trop quand mais sûrement pas dans un présent pas si alternatif, les autorités et les forces de l’ordre font un grand autodafé et des dizaines de gens viennent en rigolant et s’égayant jeter leurs bouquins dans les flammes. Ca vous va comme début ? Bon, moi aussi.

Face ascète à Sète cette cruauté assez inattendue et formidable, le texte enchaîne sans ménagement : chapitre 2. On se rend très vite compte que ce premier chapitre – chaque chapitre est très court, entre 3 et 6 pages, pour un total de 32 – est vraisemblablement le dernier, placé ici pour créer un drôle de jeu avec le lecteur. L’écriture est dotée d’un certain style et alterne entre les chapitres narratifs où le narrateur nous décrit son quotidien et des chapitres dialogués où aucune indication n’est donnée sur les personnages. Donc on se démerde. Sur un texte aussi court, ça a son charme et ça fonctionne.

Bon, ce narrateur, il fait quoi dans la vie ? Alors déjà il veut faire du pognon. C’est même la base. Donc il décide de révolutionner le marché du livre. En piratant tout. En imprimant tout pas cher et en vendant tout à la sauvette et en contrebande en s’inspirant de la prohibition ‘ricaine. Classy ? Mais ce n’est pas tout ! Du coup on assiste aux descriptions de son business florissant, de ses amourettes, de sa traque par les flics, des réunions avec ses collaborateurs – les fameux pirates du titre, hé, pas con ! -, jusqu’à ce premier chapitre – oui, ça fait bizarre dit comme ça – à la fin duquel le narrateur conclut : « Il va me falloir une bonne coupe de cheveux pour m’en sortir. » Alalala, préjugés.

Je m’attendais, après avoir lu ce premier chapitre accroupi entre deux stands, à quelque chose qui soulève des questions sympathiques du genre : les autorités brûlent les livres, le piratage reste le seul moyen d’imprimer des ouvrages, on discutera plus tard des problèmes de droit. C’eut été clairvoyant et vif, potentiellement subversif, même ! Mais au lieu de cela on a une vague histoire d’arrivistes cupides qui veulent faire un brin de pognon et se font pincer. Le texte a bien quelques fulgurances – comme l’alcool de livre, cette histoire d’essence noire des auteurs immortels dont les ouvrages sont pressés et liquéfiés et que les auteurs contemporains s’enfilent en intraveineuse – mais peine à les mettre en avant, tout autant qu’il peine à dissimuler parfois les mentions parfois un peu poussives d’autres œuvres (Das Kapital, Psycho)…

Non, parce que les fascicules, y'en a plein qui le font ! C'est bien, c'est frais.

Non, parce que les fascicules, y’en a plein qui le font ! C’est bien, c’est frais.

On en est où ?

Bon, vous l’aurez compris, ce petit bouquin était plus une façon de réintégrer les réflexes d’écriture qu’autre chose et puis, pour un fascicule tiré à 200 exemplaires il y a 11 ans, il y a peu d’espoir que vous mettiez la main dessus. L’idée était de m’en servir pour faire un petit salut à l’édition associative – salut la Clef d’Argent ! – et à ses pratiques parfois alternatives, mais indispensables à notre milieu.

Quoi d’autre ? Pas grand chose, jeunes gens. Sinon que ce mois-ci, à savoir la semaine prochaine, pas d’édito. Non, mon cher garçon boucher, vraiment pas de quoi s’inquiéter ! Parce qu’en fait d’édito, nous aurons une bien longue interview, en deux parties, une le mardi, une le dimanche, enregistrée il y a quelques temps et qu’il faut transcrire. Ca prend du temps, mais c’est gratifiant. Et dans les semaines à venir, Faquin va déménager pour une grande aventure professionnelle (vous en saurez plus en temps voulu, petits galopins) et cela risque donc, à la jonction d’avril et de juin, de créer de nouvelles perturbations dans la Force le fil d’actualité de ce site. Mais c’est pour la bonne cause !

Sinon, depuis 45 jours je vous rabats les oreilles avec la campagne de financement participatif pour l’organisation du Colloque du Héros. Ceux d’entre vous qui avez soutenu et suivi le projet – vous êtes cools, les gens – on pu s’apercevoir que le montant n’avait pas été atteint. Est-ce que ça veut dire qu’on arrête tout ? Non ! Les auteurs sont chauds patate ! Faquin est de nouveau chaud ! On va juste chercher comment organiser ça autrement ! Mais il aura lieu, bon sang de bon soir !

Vil Faquin.

4 commentaires

  1. Juste pour faire mon casse-pieds, le Jolly Roger, initialement, n’est pas noir… mais rouge ! d’où son nom (« le joli rouge ») (comme quoi c’est Alexandre Dumas qui avait raison : « l’anglais, ce n’est rien que du très mauvais français, très mal prononcé »). En tout cas, selon l’une des étymologies les plus communément admises.

    1. Mais tu fais bien de casser les pieds 🙂
      Après je faisais vachement référence à l’acceptation commune du « noir » des pirates, avec une jolie facilité :p
      Mais tu marques un bon point !

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