Seul sur Mars (The Martian)

Seul sur Mars (The Martian)

Andy Weir

Parfois on récupère un bouquin qui nous fait de l’œil et on se dit qu’on va le lire bientôt. Vous savez, « bientôt » ce mot qui signifie tout et rien, qui vous indique l’avenir proche et témoigne d’une volonté forte de vous lancer dans une lecture passionnante… et puis on se réveille un matin, l’ouvrage en question siège poussiéreux en bonne place sur une étagère de bibliothèque à l’agonie et toujours rien.

C’est ce qu’il se passe pour tant de livres abandonnés lâchement à l’oubli du temps sur les rayons de lecteurs surchargés et pourtant toujours avides de nouvelles acquisitions toutes plus attirantes les unes que les autres.

C’est aussi ce qu’il se passe sur Mars… de façon perpétuelle en fait. Parce que dans sa faible atmosphère et sa gravité bah… ça aide pas pour le ménage. Ca fout de la poussière partout. Et inutile de crier sur le chat ou après les gosses, hein. Déjà parce que sur Mars, y’en a pas, et surtout parce que dans l’espace, personne ne vous entendra crier. Vous pouvez vous brosser – lol humour.

Sauf si vous vous appelez Paul Watney, en fait. Ouais, non là, y a match.

Aïko, le petit robot, seul sur Seul sur Mars. #Blague

Aïko, le petit robot, seul sur Seul sur Mars. #Blague

Grand format

Habituellement, vous en avez désormais l’habitude, nous commençons toujours pas une présentation de l’objet livre. Mais bon, on ne va pas se mentir, là on est sur du classique de chez classique : contrairement à The Explorer de James Smythe, qui avait été publié dans la collection L’autreSeul sur Mars, parce que vous aurez compris depuis un bon moment que c’est de lui dont on va parler aujourd’hui, s’est retrouvé en 2014 publié dans les grands formats classiques de Bragelonne, 20€ les 400 pages et la couverture froissable.

Il a été réédité chez Milady en 2015 avec l’affiche de son adaptation (un gros visage de Matt Damon) en couverture quelques semaines avant la sortie du film dans les salles, le grand format ayant été épuisé en français assez tôt. Parce que oui, si vous connaissez Seul sur Mars, j’imagine que c’est avant tout pour l’adaptation promise pendant si longtemps par le très craint Ridley Scott. Je dis très craint parce qu’entre foirages en tout genre et viols de licences cultes, le monsieur ne s’est pas fait que des amis ces dernières décennies, comme l’explique le Capitaine du Nexus VI. Ouais, voilà. Ridou, on l’attendait au tournant. Et la couverture du poche de chez Milady pour nous rappeler toutes les angoisses liées à ce projet.

Mais… d’un autre côté, le grand format présente grave bien. Entre la couverture d’une esthétique vaporeuse qui est en réalité une photographie empruntée à la NASA et la présence au générique – si je puis dire – d’un traducteur de haut vol, Nenad Savic, ne font que renforcer l’attrait initial que j’éprouvais sur le bousin. Savic, c’est, notamment, le traducteur de Peter F. Hamilton, également publié chez Bragelonne, auteur de space opera et accessoirement Grand Prix de l’Imaginaire 2015. Paf. Ouais. Et de Brian M. Banks qui, comme Hamilton, a obtenu le prix British Science-fiction, ou encore d’Orson Scott Card (lui on n’en parle plus, avec ses cinq prix internationaux majeurs). Bref, quand vous lisez le nom de Savic, peu importe la qualité initiale du roman, vous pouvez au moins être sûrs que le travail de traduction sera effectué de manière admirable.

On en parle trop peu, mais le boulot de traducteur, c’est quand même quelque chose de fou : on vous donne un roman, avec son univers, son champ de référencement culturel propre à la culture de sa langue d’origine et vous devez en faire un autre roman, racontant la même histoire dans une autre culture. Alors autant de l’anglais au français, niveau culturel, on commence à être relativement aware des ponts culturels empruntables, autant un roman comme Seul sur Mars utilise un langage si spécifique qu’il est parfois quasi impossible d’effectuer une traduction habituelle. Mais, quoi qu’on en dise, Nenad Savic a réalisé un travail admirable et la traduction est à la hauteur du projet initial. On regrettera peut-être simplement que l’éditeur ne se soit pas fendu d’un index récapitulatif des acronymes et des termes techniques employés dans le roman. Enfin quand je dis on je parle pour moi. Parce que moi, j’aime bien ça. Après je comprends tout à fait l’absence d’un tel appendice : d’une part il serait fastidieux à la lecture (quoique aisé à mettre en place) et ce genre de truc n’est pas dans l’habitue de l’éditeur – et c’est là que mon article sur Kushiel me fait mentir – et d’autre part il irait à l’encontre du principe même du livre qui est de vous balancer dans un monde de hard science – science dure, ouais, je m’suis pas foulé sur la trad’ – en vous tenant peu ou prou ce discours : « Vous inquiétez pas, on va vous expliquer l’essentiel, ça va bien se passer.« 

Et dans l’ensemble ça se passe même plutôt bien, on va pas se mentir. M’enfin.

Et puis, dans tout bouquin, il y a la marque de l’auteur. Et celle d’Andy Weir est des plus palpable. Si certains auteurs arrivent à se mettre en recul de leur oeuvre et à la laisser prendre le devant de la scène et les feux de la rampe, Andy Weir se sert de son bouquin comme un ventriloque le ferait, un bras dans le fondement jusqu’à la bouche pour parler à sa place, mais ça on le verra après. Ce qu’on peut dire en attendant sur le bonhomme, c’est qu’il a commencé à bosser comme programmeur à 15 ans. L’ouvrage connait outre atlantique un parcours éditorial de plus en plus fréquent : écrit et publié initialement pour le site de l’auteur, avant d’être placé en 2011 sur la plateforme de vente en ligne d’Amazon (et ça m’arrache la g****e de mettre ce lien ici). Il a ensuite été repéré par un groupe éditorial en 2014 pour une version papier, traduite dans la foulée par Bragelonne (chapeau) et adapté au cinéma en 2015 par un des pontes du milieu.

Une triplette de haute volée, avec plein plein plein de similitudes et de différences. A lire d'urgence !

Une triplette de haute volée, avec plein plein plein de similitudes et de différences. A lire d’urgence !

Lire et aimer lire

Et c’est là que l’auteur montre tout son talent démentiel et son humour. Quand je parle de talent, je ne parle pas forcément dans l’écriture. Enfin pas tout de suite. Non parce que se lancer dans la hard-sf, ce n’est pas comme se lancer dans de la sf classique. Le principe même, merci wikipedia, est le suivant :

« La hard science-fiction (dite aussi hard science, hard SF, SF dure) est un genre de science-fiction dans lequel les technologies décrites, les formes sociétales présentes dans l’histoire et les découvertes ou évolutions ne sont pas en contradiction avec l’état des connaissances scientifiques au moment où l’auteur écrit l’œuvre. La hard science-fiction s’est fortement développée à partir de ce qu’on a nommé « l’âge d’or de la science-fiction [ndlf : 1930-1950]». »

Du coup, pour écrire un livre dans lequel un mec survit sur Mars, y fait pousser des patates et où on suit les espoirs désespérés de ceux restés sur Terre pour défier les lois de l’astrodynamique pour lui envoyer de quoi survivre, on doit, ma foi, s’y connaître en botanique, en astrodynamique, en physique gravitationnelle et en technologie spatiale. Réaliste. Parce que c’est là l’enjeu. Un astronaute français du CNES actuellement en poste à Houston en témoigne d’ailleurs ici.

Cela fait sans doute un bon moment que les habiles lecteurs suivant régulièrement ce blog s’échinent à presser un buzzer virtuel en gueulant derrière leurs écrans : « MAIS C’EST DU JAMES SMYTHE ! » Ouais. Mais non. Mais d’un côté, c’est pas faux. Parce que le roman, cité plus haut, du britannique part du même concept de réalité scientifique mais nous perd ensuite dans un ensemble d’hypothèses justifiables sur le voyage dans le temps et d’autres choses toutes aussi sympathiques et mindfuckesques bien expliquées par l’ami Bruce, d’E-penser (ici et ). C’est par ailleurs, dans ses 100 premières pages, un excellent ouvrage de hard-sf dont le titre The Explorer renferme en lui seul toutes les attentes placées dans la conquête spatiale.

Pour revenir à The Martian, ou Seul sur Mars de son titre français, le but avoué est malgré tout de faire un roman de science-fiction à la sauce thriller, comme l’éditeur l’affiche d’ailleurs sur la couverture. Alors oui, il y aura quelques libertés scientifiques prises mais dans l’ensemble, l’écriture de l’ouvrage est fidèle aux plus probables scénarios envisagés dans l’éventualité de fouler Mars, un jour. Et en cela, le livre et le film, de facto, ont un rôle extrêmement important à jouer dû à la notoriété inattendue de l’ouvrage : celui d’être les émissaires d’une nouvelle conception de la science-fiction et de la conquête spatiale. Montrer que c’est possible, que la wild frontier est atteignable, accessible, qu’elle est humainement à portée, qu’on sait le faire, ré-intéresser le public à ce qui devrait porter la cohésion de nos sociétés modernes : un projet global commun englobant tous les citoyens du monde.

Que ce soit le sauvetage de Mark Watney ou le lancement d’une mission habitée pour une lointaine planète (bien qu’elle soit en réalité la plus proche de la Terre). Et l’ouvrage porte à merveille la bannière de cet espoir perdu qui était probablement la meilleure chose que la course aux étoiles de la Guerre Froide ait apporté à l’humanité. Et c’est là, lecteurs avisés, que vous buzzez pour la seconde fois dans cette même partie parce que ce discours est exactement celui porté par Estelle Faye dans son superbe édito de décembre 2014 : Où est l’espoir en SF ? Andy Weir répond avec son Martian-puppet : « Right here, lady. » Et bordel que ça fait du bien.

L’autre étendard porté aux yeux de notre planète entière est la place, dans cet ingénieux mouvement fondamental à la cohésion de nos structures sociales désespérées, de la sous-culture communément (et de façon réductrice, mais c’est une autre histoire) qualifiée de geek – L’encyclopediae videoludi de Canard PC donne pour geek la définition suivante : « marque d’identité des gens qui n’en ont aucune« , c’est dire. En effet, l’ouvrage est parsemé de références vidéo-ludiques ou littéraires. Rappelons qu’Andy Weir a été développeur dans les studios Blizzard (ouais, ceux de World of Warcraft) sur Warcraft II par exemple. On y trouve des références au Seigneur des Anneaux – d’ailleurs, le fait d’avoir choisi Sean Bean pour interpréter un rôle clef de ce passage est un clin d’oeil formidable de Ridley Scott -,  d’autres à l’univers des comics (Iron Man) on pourrait également noter le délire du héros sur la piraterie qui est même poursuivi dans l’ouvrage avec l’invention d’une unité de mesure : le pirate-ninja – mais je vous laisserai découvrir à quoi elle sert par vous-mêmes – ou encore à Arthur C. Clarke. Notons également que le personnage du jeune ingénieur en astrodynamique geek est probablement un clin d’oeil à lui-même.

A ce propos, l’auteur reconnait volontiers ses influences par le génie anglais (Clarke). Pour Arthur C. Clarke, je ne peux pas m’empêcher de remarquer la forte similarité dans les thèmes et la gestion de la tension narrative et des méthodes employées pour icelle avec A fall of Moondust (Les Gouffres de la Lune) dont nous avons déjà parlé. Les ouvrages de Clarke et de Weir sont deux thriller réalistes et racontant deux catastrophes humaines qui demandent la mobilisation des équipes du front (d’un côté les ingénieurs sur la Lune, de l’autre les astronautes de l’Hermès, dont le principe de propulsion rappelle celui du vaisseau dans Imperial Earth du même Clarke) et de l’arrière (à chaque fois, les équipes spatiales sur Terre) et amenant à une résolution similaire. Pour continuer sur les points communs, le plan final de l’adaptation de Seul sur Mars est extrêmement significatif : il reprend quasiment point par point (ambiance visuelle, musicale, direction de la caméra, …) l’une des scènes emblématiques du 2001 : Odyssée de l’Espace de Kubrick… lui aussi adapté d’un roman (initialement une nouvelle, The Sentinel)… d’Arthur C. Clarke. La boucle est bouclée.

Enfin, pour finir avec la filiation Weir-Clarke, sur cet ouvrage en tout cas, le prochain roman de l’Américain est décrit comme « un roman de science-fiction plus traditionnel, avec des aliens, de la télépathie, des voyages à la vitesse de la lumière… » tout à fait à l’aulne d’un Les Enfants d’Icare.

Reste à savoir comment tout cela évoluera à l’avenir, si Andy Weir, dont c’est là le premier et, pour l’instant, unique roman (il avait précédemment écrit une nouvelle, The Egg), confirmera cette filiation ou pas. On l’espère et on y croit mais on est jamais trop prudent. Mais c’est vrai qu’après la claque qu’a été pour moi ce Seul sur Mars, j’aurais du mal à laisser passer son prochain roman sans m’y jeter.

Dans le genre des clins d'oeil que le film fait aux passages du livre mis sous silence : le côté un poil irascible de Watney, vachement bien rendu à l'écran, mais pas forcément dans sa juste verve.

Dans le genre des clins d’oeil que le film fait aux passages du livre mis sous silence : le côté un poil irascible de Watney, vachement bien rendu à l’écran, mais pas forcément dans sa juste verve.

Quand fidélité rime avec liberté

Une fois n’est pas coutume, je vais discutailler à la fois du film et du bouquin. Enfin surtout du film dans cette dernière partie. Parce que ce n’est pas souvent que je lis un livre dans la quinzaine de sortie de son film et que les deux déclenchent en moi des réactions grandioses.

Tout d’abord, revenons sur tonton Scotty. Ou Ridou. Comme vous voulez. Bon. Après son remarquable foirage sur Exodus : Gods and Kings (qu’on avait brièvement abordé ici), on se disait que le mieux qu’il pouvait faire, c’était de laisser tomber et de prendre une retraite méritée et attendue. Parce que merde. D’autant que son Prometheus et un peu tout ce qu’il entreprenait depuis 15 ans (NON PAS DE BLADE RUNNER 2 NON PAR PITIE N’Y TOUCHE PAS) étaient des échecs cuisants et que la critique comme le public commençait à douter de sa capacité à se lancer dans des projets ambitieux.

Eh bien The Martian fait du bien, bordel. La construction est réussie cinématographiquement et scénaristiquement parlant, les paliers de tension sont gérés au poil de cul et la force première de l’ouvrage, à savoir la lutte effrénée de son héros, Mark Watney, pour sa survie, couplée à l’angoisse des Terriens du monde entier devant leur impuissance, angoisse qui laisse souvent place à un cynisme et un humour des plus rafraîchissant et humain, est totalement présente à l’écran. La bande son est également une réussite et reprend LE running gag de l’ouvrage, c’est-à-dire que le seul type dans l’histoire de l’humanité à se retrouver seul sur une planète entière y est coincée avec comme seul résidu culturel une clef usb remplie de disco. Cela permet de renforcer un côté dramatique qui fonctionnait à merveille sur papier et qui tient ses promesses à l’écran : dans une situation de profond désespoir, de souffrance intense ou de survie impossible, on surprend le héros à danser ou fredonner un air style boule à facette et pattes d’eph.

De même, on peut noter le remarquable travail sur le rythme du film. Certains événements importants sont traités de manière rapide, sans laisser au spectateur le temps de se questionner dessus, enchaînant des plans successifs auxquels le film nous a précédemment habitué (conférence de presse, salle de réunion de la Nasa, journal intime vidéo de Watney, écran de visioconférence…). Cela permet de donner du relief à un film qui relate pourtant 4 ans de stress en continu : on aurait pu croire à une tension étouffante et serrant le spectateur à la gorge (comme certains chapitres de l’ouvrage) mais non. On n’asphyxie pas le spectateur. Enfin, pas en continu.

En cela, la bande originale est d’une efficacité remarquable. Outre le disco dont on a déjà parlé, l’univers sonore réaliste (ou presque) du vaisseau Hermès ou encore du vent martien… permettent de rendre appréhendable par le péon lambda – aka moi – un univers sensoriel complètement différent. Je n’ai jamais foutu les pieds sur Mars (sans dec’) ou dans le Colorado ou dans un avion effectuant un vol parabolique ayant pour but de simuler la micro-gravité (ou impesanteur, à ce propos voir encore E-penser) et pourtant je pige le truc, je comprends, j’angoisse quand le casque se fissure, je me colle dans mon siège quant les personnages encaissent 7G…

Sur le rythme, les sensations et les références, le film fait, semble-t-il un travail remarquable. Mais là où, à mon humble avis, il se démarque sensiblement du reste de la concurrence, c’est dans sa fidélité dans les détails. Plusieurs éléments, pour des raisons évidentes, ne figurent pas à l’écran… ou presque pas. Par exemple, Watney passe son temps à regarder des séries des années 1970, qui sont rapidement affichées à l’écran dans le premier tiers du film. Mais, par exemple, la collaboration entre CNN et la Nasa sur une émission télé traitant au jour le jour de la situation de Watney sur Mars n’est que mentionnée vers la toute fin du film lorsqu’un journaliste mentionne rapidement la présence d’une psychologue en plateau, anecdote qui occupe une bonne dizaine de page du roman initial. Une multitude d’autres easter eggs se cachent dans la réalisation, mais une fois encore, je vous laisserai vous familiariser avec les deux supports pour vous faire une idée.

Enfin, on pourrait parler de la performance de Matt Damon, qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est seul à l’écran (comme dans les Jason Bourne), ou encore la qualité photo-réaliste des effets-spéciaux – sur lesquels a d’ailleurs bossé Adrien Zeppieri, l’ami matte painter que nous avions interviewé il y a quelque mois – qui donnent un résultat similaire à celui que j’avais eu après avoir vu Fury Road et qui m’a permis de ne jamais sortir de ma suspension d’incrédulité… mais je ne m’arrêterai que sur trois derniers points. Notons d’ailleurs qu’ils sont nominés aux Oscars !

Déjà, aux critiques  qui disent que le film n’est qu’une succession d’emmerdes parfois capillotractées, il faut répondre deux choses : comme le dit Watney dans le film « It’s space, it does not cooperate » et ensuite que bah… c’est à la base un roman thriller donc oui l’auteur a parfois exagéré certains soucis (comme l’explosion du sas) mais le film ne présente que deux tiers (et encore) des rebondissements du livre !

Ensuite la fin a été changée. Enfin pas la fin en tant que telle mais les événements qui l’amènent. Je comprends la volonté de montrer à l’écran une autre référence hyper bien placée, justifiable et représentative du héros (le coup d’Iron man) et je la trouve parfaitement amenée et réalisée. Cela renforce, je pense, la qualité de l’adaptation et je me place là en contradiction avec pas mal de critiques que j’ai pu lire sur le net criant au crime absolu. Mouais.

PAR CONTRE, les derniers plans du film, ceux sur Terre, ne sont absolument pas présents dans le roman et, si encore une fois je pige l’idée (Murica), je pense qu’ils étaient dispensables. Ils amènent un côté patriotique qui était jusque là nuancé par l’universalisme du drame de Watney (notamment avec la participation de l’agence spatiale chinoise) et qui déséquilibre, en choisissant de laisser repartir le spectateur avec ces images, un discours jusque là quasi sans faute. Mais bon, après Prometheus et Exodus, on va pas chipoter.

2001: Odyssée de l'espace. 2014: Odyssée stellaire 2015: Odyssée martienne.

2001: Odyssée de l’espace.
2014: Odyssée stellaire
2015: Odyssée martienne.

Plus si seul sur Mars

Alors bien évidemment, c’est toujours drôle de parler d’un bouquin qu’on a à ce point subi en son for intérieur (et je dis drôle dans le sens de weird). Et quand le film, vu dans la foulée, puis à nouveau un peu plus tard, vous laisse dans un état dans lequel vous aviez envie de hurler à la fin du film pour exulter… bah ça se confirme !

J’aime la hard-science et j’aime ce qui se veut réaliste et là j’ai été servi. Mais, je pense que mon regard est à prendre sous le prisme des circonstances : le livre, et le film, arrivent à un moment important pour la science-fiction et pour son évolution à venir. Entre les récentes et nombreuses révélations de la Nasa à propos, notamment de Mars et Pluton, et le retour en grâce de la science dure à l’écran avec notamment l’excellent et passionnant Interstellar (où l’on trouvait aussi l’ami Damon), le très réaliste Gravity ou encore en France L’Exoconférence d’Alexandre Astier qui n’en finit plus de tourner et rencontre un succès génial et mérité…

D’ailleurs cet amour retrouvé avec la science est bien réel et la Fox, qui distribue le film, ne s’y est pas trompée en invitant Bruce de l’émission web E-penser – qui a récemment fait la première partie de L’Exoconférence d’Astier ! – dans les bases de la Nasa du Colorado pour une promotion libre du film dans laquelle il nous livre deux vidéos : une explicative et une autre plus démonstrative avec des expériences permettant de mieux comprendre le film.

De plus en plus, l’espace attire à nouveau les foules et le jeu vidéo y contribue également avec des titres de plus en plus fréquents ces dernières années entre les très français Out there (voir) et Psycho Starship Rampage – dont la musique a été réalisée par… Lionel Davoust, lauréat du Prix Exégète 2015, ouais, lui-même – ou encore Planetbase (voir) qui simule des colonisations extra-planétaires ou encore Kerbal Space Program qui vous apprend à gérer (réalistiquement) une petite start-up comme… la Nasa, ouais.

Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Lisez ! Regardez ! Jouez ! Imaginez ! Bordel !

Vil Faquin

Du même réalisateur : Robin des boisExodus: Gods & Kings et  Blade Runner.
Sur des thèmes similaires : Les Gouffres de la LuneLe Voyageur.
A lire : Interview d’Adrien Zeppieri – Matte Painter, Edito d’Estelle Faye sur l’espoir en SF,
Mythe et idéologie du cinéma américain.
A lire aussi : Terre: Planète ImpérialeLes Enfants d’Icare.
A voir : Conférence sur Blade Runner avec Raphaël Colson.

16 commentaires

  1. Un article sur the martian citant l’encyclopédie de canard PC mérite d’être applaudi… ça se voit pas là mais j’applaudis… Enfin pas en tapant c’est pas pratique, mais voilà…

    Bon, sinon je sors du ciné et j’ai beaucoup apprécié le film aussi, sans avoir vu le livre, ça fait du bien de voir un bon film de ridley scott, une première depuis Gladiator.

    1. Bah ouais, à un moment, faut quand même avoir ses références hein.
      Kingdom of Heaven s’en sortait pas mal ! Après, Seul sur Mars est un premier roman avec ses faiblesses mais… faut qui sait véritablement camper ses personnages !

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