La Vague Montante (The Climbing wave)

La Vague Montante (The Climbing wave)

Marion Zimmer Bradley

Nous continuons aujourd’hui dans l’événement mensuel « Août – Nouvelles coûte que coûte ! » avec un nouveau billet concernant l’une des nouvelles de la collection Dyschroniques des éditions du Passager Clandestin. Il s’agit de La Vague Montanteaka The Climbing Wave dans sa version originale, de Marion Zimmer Bradley.

Ne connaissant l’auteure que de nom, ou de renom dans son cas, je m’attendais à découvrir un univers bien ficelé avec ses ressors propres où perceraient les aspirations les plus profondes de l’écrivaine. Et je n’ai pas été déçu. Comment l’être, me direz-vous, avec cette chef de file du féminisme littéraire nouveau, cette précurseur  de l’archéologie expérimentale aux Etats Unis, avec sa passion pour le Moyen-Âge et la science-fiction ? Tout cela est bien difficile pour le faible homo historia que je suis.

Bref, nous ne reviendrons pas sur l’état de l’objet livre, comme pour tous les autres titres de la collection, puisque j’en ai déjà parlé , mais je me permets de signaler qu’au cours des 130 pages de la nouvelle, il n’y a pas un instant où l’auteur n’essaie pas de nous élever. Si vous saviez comme je peux apprécier ça ! Ca me change de mes voisines du dessous qui hurlent chaque semaine de rire en proférant des insultes devant Les ch’tits à Mikonos ou une autre débilité du même genre.
Merci MZB !

« -Hey, vous avez vu mon vaisseau ? -Oui, commandant. -Il est beau hein ? -Oui, commandant. »
Casse-dédi aux guitaristes couturiers et à ceux qui liront la nouvelle.

La p’tite vague qui monte, qui monte…

Avec un tel titre, j’avoue avoir un instant cru retrouver, dans un texte écrit après guerre, une nouvelle figuration de la montée en puissance des extrêmes droits de tout bord quelques que 15 à 20 ans auparavant, ce qui aurait tout aussi bien pu advenir en connaissant l’auteure en question, jamais la dernière à exprimer clairement ses opinions et à traiter des sujets sociaux. Mon impression probablement flouée par le formidable de film de Dennis Gansel, Die Welle (La Vague en français), qui illustre formidablement bien les mécaniques de propagation des idéaux fascistes.

Pourtant, j’aurais difficilement pu me tenir plus loin de la réalité. A l’habitude du genre, et à l’image des auteurs marquants, Marion Zimmer Bradley nous livre un récit d’anticipation post-apocalyptique qui n’est ni bouleversant, ni formidable, mais qui s’immisce dans les moindres recoins de nos cœurs humains en nous faisant nous questionner. C’est une force rare que je tiens à souligner. Je n’ai pas perdu l’esprit en lisant, j’ai par contre trouvé de quoi le triturer le cabochon pour quelques jours.

Ecrit en 1955, La Vague Montante ne reflète pas ce qui sera par la suite reconnu comme une des marques de fabrique de Marion Zimmer Bradley : le féminisme, mais la postface – vous vous souvenez, celle qui remet en contexte tous les textes de la collection Dyschroniques et permet de comprendre la réelle portée de ceux-ci ? – nous précise bien que ce texte a été écrit dix ans avant le renouveau du féminisme moderne (fin des 1960’s). Et puis, chaque écrivain commence bien par se faire les armes avant de s’affirmer, non ? Bon, okay, c’est là que vous me balancez ma chronique sur Farlander en pleine face ! *quiche* Mais c’est bien, ‘un côté, ça prouve que vous suivez !

Storyboard :

Storyboard :
« -Hi dudes, we’re back from the future past to make report.
-Haha! Don’t care! Lol. Take a beer! Lol.
-I don’t want to live on this planet anymore. »

On parlait pas d’un bouquin avant de dériver ?

Bravo à toi, habile lecteur, pour recadrer le propos d’un Vil déblatérateur tel que moi. Tu gagne un BPB (bon point boobs). Comment ça je profite du fait que cette nouvelle précède la période féministe de MZB pour coller des seins ? C’est pas comme ça que fonctionnent les cerveaux réducteurs de certains idiots (qui trouvent la monnaie de leur pièce ici). Je l’ai bien amenée ma petite info sur les luttes pour l’égalité entre les sexes ou pas ? Ouais je vois ce que vous voulez dire.

Bon, « Allons les gars, gai, gai ! Allons les gars, gaiement ! » comme dirait le Grand Coureur :

« En 1955, Marion zimmer Bradley imagine une société d’abondance frugale soustraite à l’empire de la technologie. »

La Vague Montante, c’est avant tout une leçon de vie édifiante, sous couvert de sf – ouais de la sf quoi. Un équipage de jeunes gens à bord d’un navire spatial, le Homeward, version voyage retour du Starward (un nouvel espoir) qui fut le premier vaisseau à être lancé dans l’espace à la découverte des étoiles lointaines. Le voyage warpique pour reprendre des termes issus de l’univers de Warhammer 40K, à défaut de champ de Geller, peut arriver dans une période future ou passée au lieu de sa destination.

C’est pourquoi l’équipage de bord, entraîné depuis sa naissance sur Terre II, où s’est développée une petite communauté extrêmement dépendante de sa technologie et extrêmement scientifique et fermée, ne savent pas ce qu’ils vont trouver. Je vous laisserai découvrir par vous mêmes les personnalités truculentes et voisinables – entendre par là : on a tous un voisin comme ça – des personnages. Comme spoilé par le quatrième de couv’, ils arrivent sur terre au sein d’une société qui a perdu volontairement, semble-t-il, mais sans que l’on sache comment, le goût de la technologie et s’est retirée dans les champs dans de petites communautés indépendantes, auto-alimentées et autonomes.

Et c’est la litanie de l’adaptation qui débute. On retrouve avec délices des éléments communs avec Arthur C. Clarke et son Terre : Planète Impériale : l’adaptation à la gravité – Joie ! – et à l’alimentation terrestre contre l’alimentation synthétique du vaisseau – Joie² ! – et tant d’autres choses. Chaque personnage est soumis à des choix, certains choisissent le changement, d’autre la fuite en avant… Après l’avoir fait lire à des collègues et des amis, nous avons chacun trouvé une leçon différente dans les pages de La Vague Montante. Et c’est vachement bien.

A ce point ?

Oui.

Vil Faquin.

Une autre critique à lire ici.
Dans la même collection : Murray LeinsterPhilippe CurvalPoul Anderson
James BlishWard MooreJean-Pierre AndrevonRobert Sheckley et Mack Reynolds.
Hors série : Fred Guichen.
Sur la collection Dyschroniques : Interview de Dominique Bellec.

21 commentaires

  1. Les Chtis à Mikonos : comme si la Grèce n’avait pas assez de problèmes comme ça ! Abandonner ses ordures dans la nature est passible d’une amende.
    J’avais lu du MZB (on dirait une planète lointaine ou un nom de médicament, mais j’adore), mais rien d’autre que les Dames du lac il me semble, et celui-ci m’avait plu mais sans plus, ou peut-être que j’étais un peu jeune pour relever toutes les choses intéressantes, c’est possible, c’est trop lointain. Je ne savais même pas qu’elle avait écrit des choses de ce genre, pas spécialement axées sur le féminisme.

    1. Hé oui, c’était avant ! A l’époque où elle sortait juste de sa période très classique. Encore une fois, même si le souvenir de ses écrits n’est pas (toujours) impérissable, la figure de l’auteure reste énorme ! Et elle se révèle bien dans cette nouvelle !

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